Nouvel ordre, film de Michel Franco, commentaire

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Nouvel ordre,
    (Nuevo orden),    2020, 
 
de : Michel  Franco, 
 
  avec : Eligio Meléndez, Regina Flores, Naian González Norvind, Diego Boneta, Enrique Singer, Fernando Cuautle,
 
Musique : --

   
 
La jeune Marianne (Naian González Norvind), fille d'une riche famille mexicaine, est sur le point d'épouser un riche architecte, issu lui aussi d'une famille très aisée. Alors qu'un ancien employé, Rolando (Eligio Meléndez) vient demander de l'argent pour aider sa femme Elisa (Regina Flores) à recevoir une valve cardiaque dans une clinique, une horde de barbares envahissent la propriété et dévastent certains quartiers de la ville...
 
 Dire que cette fresque apocalyptique est une véritable claque est un faible mot. Sur le plan purement visuel, les exactions en tous genres sont tétanisantes et traduisent, avec une acuité sans faille, le délire d'une guerre civile qui massacre à tour de bras sans aucun état d'âme ou sélectivité. Dès l'ouverture de l'histoire, placée sous le signe de la richesse d'une bourgeoisie méprisante, on pressent que le message de ce drame sera fondé sur les luttes sociales. Mais lorsque débutent les sauvageries en tous genres, le scénario s'enfonce dans un foutoir généralisé dont il ne se relèvera pas. La révolte des miséreux fait place rapidement à une castration militaire de la population, avec des couvre-feux insensés, des factions qui semblent totalement hors de contrôle et kidnappent des personnes riches pour réclamer des rançons, des chefs militaires dont on perçoit mal la position, et un bon nombre d'exécutions gratuites. Bref, hormis la sous-intrigue qui concerne le rapt de Marianne, le spectateur a bien du mal à avoir une vision claire de ce qu'a voulu construire et surtout dénoncer le scénariste-réalisateur. Il est beaucoup question, en ce moment, des tentatives effectuées par les élites du Forum mondial de Davos menées  par Klaus Schwab, afin d'amener la population mondiale à se plier à un contrôle total du style chinois. Mais cela se ferait, dans leur idéal, de manière informatique et subtile. Dans la vision que Michel Franco nous propose de son Nouvel Ordre, la finesse n'a aucune place. On a plutôt l'impression d'être replongé au temps des grandes compagnies du Moyen Âge, avec pour seule différence le fait que les épées et les arcs sont remplacés par des fusils de guerre. Cette tragédie respire la complaisance d'une façon d'autant plus déplaisante que le fondement semble bien artificiel et opportuniste et se situe, par son agitation permanente, à des années-lumière d'un des films précédents du réalisateur, "Chronic", où l'action était réduite à la portion congrue. 
   
Bernard Sellier