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Parasite,
      (Gisaengchung),      2019, 
 
de : Joon-ho  Bong, 
 
  avec : Song Kang-Ho, Sun-kyun Lee, So-dam Park, Woo-sik Choi,
 
Musique : Jaeil Jung


   
Le jeune Kim Ki-woo (Woo-sik Choi), issu d'une famille très pauvre, remplace l'un de ses amis pour donner des leçons d'anglais à la fille d'un riche couple. Peu à peu, il parvient à placer tous les membres de sa famille à différents postes de la maisonnée... 
 
   Boon jong ho nous a déjà offert plusieurs œuvres passionnantes : "Memories of murder", "The host", "Okja"... Mais aucune de cette richesse. 
 
   Est-ce un film social ? Oui ! Est-ce un drame ? Oui ! Une comédie ? Oui ! Un film à suspense ? Oui ! Un film horrifique ? Oui ! Un film catastrophe ? Presque ! Un film tendre ? Oui ! Et, ce qui est à marquer d'une pierre blanche, une palme d'or cannoise non hermétique ou élitiste, susceptible d'être appréciée par tous les genres de publics ? Assurément ! 
 
   Alors avons-nous visionné le chef d'œuvre de l'année ? Sans doute. Notre enthousiasme est-il à son comble ? Pas vraiment. Certes, le recit glisse avec une fluidité exceptionnelle entre ces genres difficilement miscibles. Le réalisateur observe toujours ses personnages avec une certaine tendresse, qu'ils soient nantis ou miséreux, ne chargeant jamais la barque d'un quelconque jugement. Pourtant, bien que soit réduite au maximum cette habitude orientale agaçante de présenter les personnages comme des pantins en excitation perpétuelle, il nous a été difficile d'éprouver une franche empathie pour cette famille en quête d'une vie de nabab. Or c'est dans ce registre que devrait naître le couronnement émotionnel d'une oeuvre par ailleurs pleinement accomplie. Même le dénouement, hautement symbolique, nous est apparu aussi froid que le souterrain dans lequel s'est réfugié le père... Ce qui se révèle étonnant dans cette oeuvre, c'est la caractérisation des personnalités. Aucune de celles qui nous sont présentées n'est détestable. Certaines sont primaires, d'autres sont d'un snobisme stupide (la femme de monsieur Park, qui place des bribes de phrases anglaises dans la conversation, histoire de faire cool), mais aucune n'est franchement négative. Les pulsions finales meurtrières relèvent de la réaction instinctive et non d'une pathologie profonde. Ce qui n'est pas rédhibitoire. Ce qui l'est davantage, c'est qu'aucun personnage n'est a contrario sympathique. Il devient donc très difficile d'entrer empathiquement dans le destin de ces êtres réduits à des créatures scénaristiques pures, certes dessinées avec un immense talent, filmés avec un art visuel époustouflant, mais dotées de réactions très mécaniques. 
 
   En conclusion, une création intelligente, jamais manichéenne, narrativement et esthétiquement superbe, cela ne fait aucun doute. Oeuvre émotionnellement inoubliable, c'est selon la réceptivité de chacun...
   
Bernard Sellier