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Parlez-moi de la pluie,
       2008, 
 
de : Agnes  Jaoui, 
 
  avec : Jean-Pierre Bacri, Jamel Debbouze, Pascale Arbillot, Frédéric Pierrot, Mimouna Hadji, Florence Loiret-Caille, Agnès Jaoui,
 
Musique : --

   
   
Agathe Villanova (Agnès Jaoui), militante féministe, est parachutée comme candidate dans une région provençale qu'elle connaît bien, puisque sa soeur Florence (Pascale Arbillot), habite avec son mari Stéphane (Guillaume de Tonquedec) la maison léguée par leur mère, décédée l'année précédente. A son arrivée, Karim (Jamel Debbouze), fils de Mimouna (Mimouna Hadji), une femme qui sert la famille Villanova depuis des décennies, propose à Agathe de tourner un film sur elle, en tant que femme de pouvoir qui a réussi. Pour ce faire, il sera aidé par Michel Ronsard (Jean-Pierre Bacri), qui a jadis réalisé un documentaire remarqué sur les corridas. Les débuts du tournage sont laborieux... 
 
   Il est aisé de retrouver, dans cette histoire simple, les thèmes de prédilection des deux créateurs, ainsi que le processus d'exploration psychologique qu'ils privilégient depuis un certain nombre d'oeuvres, tant théatrales que cinématographiques. A savoir une descente plus ou moins acide dans les souterrains des relations humaines, effectuée à travers une multitude de petites saynètes accrocheuses, toujours composées avec gourmandise et incarnées avec justesse par des comédiens charismatiques. Mais la réussite incontestable de "Un air de famille", mélange particulièrement équilibré d'humour et de corrosion, n'est pas toujours aisément reproductible. Dans le cas présent, mélancolie, humanisme, tendresse, rire, répondent tous à l'appel, le dernier occupant même une place de choix, avec quelques moments tout à fait hilarants. Pourtant, c'est une impression de tiédeur générale qui se manifeste. Les deux compères reporters sont de gentils branquignols, un tantinet touchants. Agathe est une militante pâlotte, dont la vigueur combattive s'envole à la première brise. Florence est effleurée par la révolte, mais ses velléités retombent aussi vite qu'un soufflé raté. Nous ne sommes plus dans les tranches de vie saignantes du "Père tranquille", mais dans d'inoffensives égratignures qui ne font de mal à personne et s'oublient assez rapidement. Ce qui n'empêche nullement l'œuvre d'être fort agréable à visionner, d'autant plus que, contrairement à ce qui se produit souvent dans les comédies, le scénario ne se focalise pas exclusivement sur le tandem vedette. Agnès Jaoui sait offrir une vie réelle à tous ses seconds rôles, ce qui procure à l'ensemble l'aspect d'une fresque agréablement composite, à défaut d'être acerbe. Un moment de cinéma sympathique, une peinture parfois jouissive, mais dont le pinceau timoré ne laisse guère de traces indélébiles...
   
Bernard Sellier