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Un petit boulot,
      2016, 
 
de : Pascal  Chaumeil, 
 
  avec : Romain Duris, Michel Blanc, Gustave Kervern, Alex Lutz, Alice Belaïdi, Charlie Dupont, Thomas Mustin,
 
Musique : Mathieu Lamboley

   
   
Jacques Scoran (Romain Duris) déprime. L'usine dans laquelle il travaillait a fermé, et sa femme l'a quitté. Il passe son temps à boire avec ses deux potes, Tom (Gustave Kervern) et Jeff (Charlie Dupont). Un jour, le mafieux du coin, Gardot (Michel Blanc) lui offre un petit boulot spécial... 
 
   Sur fond de licenciements abusifs, de désertification industrielle, le réalisateur (décédé avant la finalisation du film) de "L'arnacoeur" construit ici, avec le même Romain Duris, une histoire simple à la mécanique soigneusement huilée. Aidé en cela par des dialogues vifs et assez savoureux signés Michel Blanc. Jacques est une figure médiane : à la fois sympathique et déplaisante, attachante et méprisable. Si le commencement du film fait évidemment penser à l'univers de "Fargo" ou de "Un plan simple", l'exécuteur de Pascal Chaumeil ne ressemble en rien aux demeurés qui occupent l'espace chez les frères Coen. Romain Duris, parfois en voix off, présente une personnalité ordinaire, sans envergure, traversée de légers pics de conscience vite rangés dans les oubliettes, capable du meilleur (l'amitié) comme du pire, mais au bout du compte très superficiel. Cet état est d'ailleurs celui qui se dégage de l'ensemble du film. La condamnation du libéralisme sauvage demeure à l'état larvaire. L'humour noir est présent, mais ne provoque aucune vague de submersion. Les péripéties sont amenées avec naturel et ingéniosité, mais ne provoquent jamais de surprises jouissives. Les personnages secondaires sont croqués avec tendresse et bonhommie, ( à l'exception du repoussant Brecht ), mais ils sont un peu sacrifiés ( surtout l'Anita d'Alice Belaïdi ) sur l'autel du couple Duris-Blanc. Le film ne fait jamais preuve du soupçon de folie que l'on pouvait attendre d'un tel sujet. Il demeure dans l'observation sage d'un ordinaire glacial, et offre un résultat en demi-teinte.
   
Bernard Sellier