Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Le petit lieutenant,
      2005, 
 
de : Xavier  Beauvois, 
 
  avec : Nathalie Baye, Jalil Lespert, Roschdy Zem, Jacques Perrin, Bruce Myers, Antoine Chappey, Bérangère Allaux,
 
Musique : Frédéric Vercheval


   
Antoine Derouère (Jalil Lespert), récemment diplômé de l'école de police, choisit au dernier moment une affectation à Paris, ce qui n'enchante guère sa femme, Julie (Bérangère Allaux), bien décidée à ne pas quitter Le Havre. Antoine se retrouve donc seul à Paris, dans l'équipe que dirige le Commandant Caroline "Caro" Vaudieu (Nathalie Baye). Il est confronté à la routine jusqu'à ce qu'un homme soit repêché dans la Seine. Le meurtre aurait été commis par des Russes. Une enquête difficile commence... 
 
   Même s'il ne joue pas la carte du documentaire, à l'instar, par exemple, de "L 627", il n'en demeure pas moins que le film de Xavier Beauvois se situe à des années-lumière des oeuvres auxquelles nous sommes accoutumés, même issues de l'hexagone, comme celles d'Olivier Marchal ("36 Quai des Orfèvres"). Dans le cas présent, l'action est carrément absente, et la narration se concentre sur le quotidien sombre et terne de ces hommes et femmes qui, pour la plupart, n'ont pas ou plus de vie familiale. C'est avec une sobriété absolue, mais non dénuée d'humanité, que le réalisateur suit les quelques semaines de l'intégration du jeune provincial. La gravité est constante, l'esbroufe est enfermée au placard, le naturel s'impose sans concurrence. Les dialogues sont banals, les situations le sont tout autant, au point que la journée de l'un de ces policiers semble prendre l'apparence d'une tranquille routine, voire d'une sinécure. Sauf qu'il suffit d'un instant de relâchement, d'une seconde de ras le bol, d'un geste anodin, pour que la tragédie frappe à la vitesse de la foudre. Et la légèreté avec laquelle on prenait cette histoire apparemment sans grand relief est soudain balayée par une commotion inattendue. Le coeur se serre et cette chute dans l'horreur nous fait prendre conscience, par son instantanéité, et beaucoup plus efficacement que ne le ferait une étude psychologique approfondie, de la fragilité extrême de nos fils de vie.  
 
   Un exemple d'ascétisme narratif dramatiquement percutant.
   
Bernard Sellier