Pirates des Caraïbes, film de G. Verbinski, commentaire

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Pirates des Caraïbes,
      (Pirates of the Caribbean : the Curse of the Black Pearl),      2003,  
 
de : Gore  Verbinski, 
 
  avec : Johnny Depp, Geoffrey Rush, Orlando Bloom, Jack Davenport, Keira Knightley, Jonathan Pryce,
 
Musique : Hans Zimmer, Klaus Badelt...


 
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Jeux d'os laids '

 
Weatherby Swann (Jonathan Pryce) est gouverneur de Port-Royal, aux Caraïbes. Il recueille un enfant dérivant sur un radeau, Will Turner (Orlando Bloom), et l'élève avec sa fille, Elizabeth (Keira Knightley). Une dizaine d'années plus tard, arrive dans le port le capitaine pirate Jack Sparrow (Johnny Depp). Reconnu, il est fait prisonnier et condamné à mort. Mais les pirates de Barbossa (Geoffrey Rush), ancien second de Jack qui a pris sa place après l'avoir abandonné dans une île déserte, attaque la ville et s'empare d'Elizabeth, croyant qu'il s'agit le la fille de son ancien coéquipier Turner. Elle seule peut en effet briser la malédiction qui pèse sur tout l'équipage : ils sont des morts vivants ! Will libère Sparrow et tous deux s'emparent d'un navire britannique pour se lancer à la poursuite de la belle... 
 
 Quelle histoire de fou ! A n'en pas douter, l'équipe toute entière, des scénaristes, (qui ont trituré dans tous les sens possibles le matériau de base jusqu'à l'essorer complètement), aux acteurs, a dû s'en donner à coeur joie ! Lorsque le mot "fin" survient, il faut avouer que tous les bouts de cet embrouillamini se bousculent un peu dans le cerveau. Entre les poursuites incessantes, les captures de navires, les emprisonnements, les reprises des dits navires, les pirates squelettes, les anciens pirates engagés pour donner la chasse aux forbans précités, une baleine s'y noierait ! C'est agité en permanence, inventif, souvent drôlatique, et bourré d'effets spéciaux particulièrement réussis parce qu'ils s'intègrent habilement au récit sans s'octroyer une place démesurée. Johnny Depp cabotine avec une délectation qui devient vite communicative. Geoffrey Rush campe un pirate plus vrai que nature. L'atmosphère lugubre, fantasmagorique, est particulièrement bien rendue, oscillant entre brumes opaques et noirceur menaçante. Le rythme est là. Bref, tout concourt à donner naissance, après bien des années de vaches maigres dans ce genre autrefois brillant ("L'aigle des mers", "Le corsaire rouge"...), à une oeuvre enthousiasmante.  
 
 Et pourtant, malgré (ou à cause de) tout cela, je trouve le résultat plutôt décevant. Non pas dans l'absolu, mais par rapport à ce que j'en attendais. Il y a tous les ingrédients, mais comme ajoutés les uns aux autres à la va comme je te pousse, pour faire riche, pour combler les attentes de diverses catégories de spectateurs : le fantastique, l'aventure, l'humour, le vent du large, le trésor, les duels, le coeur de l'héroïne partagé entre la raison et l'élan spontané... Et il manque, à mon sens, le plus important pour faire de cette accumulation quelque peu anarchique, une épopée captivante : le souffle, le panache. Will est un petit héros sympathique, attachant, mais qui manque cruellement d'envergure. Il se trouve, de plus, qu'il est le seul personnage masculin détenteur du rôle de brave, puisque le personnage incarné par Johnny Depp tire constamment vers la farce. C'est alors Elizabeth qui devient quasiment le porte flambeau de la virilité agissante. L'histoire, plus qu'improbable au départ, et même pendant une bonne moitié du parcours, se clôt d'une manière plutôt opportune, mais au bout du compte, toutes ces péripéties sont en symbiose avec les choix cinématographiques de nombreux grands spectacles actuels : beaucoup de clinquant, d'agitation, de remue-ménage, sans grande portée intérieure. Du superficiel doré et chatoyant.  
 
 Agréable, ludique, parfois jouissif, mais limité par ses propres choix...
   
Bernard Sellier