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Place publique,
       2018,  
 
de : Agnès  Jaoui, 
 
  avec : Jean-Pierre Bacri, Léa Drucker, Héléna Noguerra, Nina Meurisse, Frédéric Pierrot, Sarah Suco, Agnès Jaoui,
 
Musique : Jean-Charles Jarrel


   
Castro (Jean-Pierre Bacri) est l'animateur depuis quinze ans d'une célèbre émission télé du style "Radioscopie". Mais l'audimat est en chute. Sa productrice, Nathalie (Léa Drucker) organise une pendaison de crémaillère dans sa villa et se prépare à lui annoncer que l'émission sera supprimée. Nombre de personnalités sont invitées, dont Thomas (Olivier Doran), un acteur, et Biggistar (Mister V), qui cartonne sur Youtube... 
 
   Sur fond de déprime due aux années qui s'accumulent, aux idéaux passés qui se fissurent gravement, aux amours difficiles, et aux rancoeurs accumulées ( Nina, la fille du couple Castro - Hélène (Agnès Jaoui), qui règle ses comptes par livre interposé ), nous retrouvons Jean-Pierre Bacri dans son énième rôle de dépressif chronique, de pessimiste professionnel, d'acariâtre patenté. Il a vieilli, porte une moumoute, et se montre toujours aussi imbuvable pour son entourage. A la réalisation comme à l'écriture, Agnès Jaoui compose un film choral, à l'image du récent " Sens de la fête ", mais en nettement moins réussi. 
 
   Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, le sujet ou plutôt les sujets, ne sont que survolés. Le pouvoir implacable de l'audimat, du nombre impressionnant de vues sur Youtube pour des créations vides de sens, le règne de la téléréalité, tout cela est certes détestable, mais leur étalage ici se montre bien léger. Ensuite, les personnages qui évoluent devant la caméra affichent eux aussi une superficialité notable, et le minimalisme de l'histoire ne compense pas cette carence. Ils sont dans l'immense majorité réduits à leurs tics caricaturaux ( Jean-Paul, le barbu humanitaire, adepte des jeunettes, Guy, l'agriculteur bio qui vit sans télé, Samantha, la serveuse, qui passe son temps à prendre des selfies... ). Résultat de tout cela : certaines scènes ( musicales souvent ) s'étirent pour meubler l'espace, et donner au film une certaine vie. Le résultat est au bout du compte assez décevant, d'autant plus que les dialogues ne sont ni excitants, ni mémorables. 
 
   Une 'petite' création du duo Jaoui-Bacri.
   
Bernard Sellier