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Point break,
      1991, 
 
de : Kathryn  Bigelow, 
 
  avec : Patrick Swayze, Keanu Reeves, Gary Busey, Lori Petty, John C. McGinley, James LeGros,  
 
Musique : Mark Isham

   
   
Los Angeles, capitale mondiale des braquages. En trois ans, 27 banques ont été dévalisées, sans aucun mort, par un gang dont les membres se dissimulent derrière les masques des Présidents. L'agent du FBI Johnny Utah (Keanu Reeves), frais émoulu, arrive dans la section antigangs. Il fait équipe avec Angelo Pappas (Gary Busey), peu considéré par ses collègues. Pappas est persuadé que les coupables sont des surfeurs. Johnny, ancien footballeur célèbre, décide de s'entraîner et de s'infiltrer dans ce domaine très fermé. Il fait la connaissance de Tyler Ann Endicott (Lori Petty) qui lui donne quelques leçons, et de l'ex ami de la jeune fille, Bodhi (Patrick Swayze). Grâce à des analyses chimiques, la plage où évoluent les braqueurs est précisée... 
 
  Juste après "Blue steel", qui dénotait déjà de bonnes qualités narratives dans le domaine policier, qui n'est pas, par essence, féminin, Kathryn Bigelow rempile avec cette aventure non moins passionnante. L'intrigue de base est loin d'être d'une originalité folle. Des truands insaisissables, un jeune flic qui rêve de faire briller sa valeur, une mise en route de l'équipe, traditionnelle : le coéquipier allumé (pour une fois, Gary Busey s'est rangé dans la case gendarme, mais le personnage habituel de criminel déjanté n'est pas loin), le chef, Ben Harp (John C. McGinley), hystérique envers les subordonnés rebelles, le chevauchement de plusieurs enquêtes qui se gênent, les courses poursuites... On a déjà vu cela de nombreuses fois, avant et après cette oeuvre.  
 
  Peut-être est-ce une manifestation de la sensibilité féminine de la réalisatrice, toujours est-il qu'intervient dès le début la notion de rêve, qui va envelopper la globalité du film. Le tempérament de Bodhi ne manque ni de charisme ni d'originalité. En quête perpétuelle d'absolu, de la "vague métaphysique", il est avant tout en lutte contre l'ensemble des limites, qu'elles soient imposées par la société, ou par la nature elle-même. Il est rejoint dans cette course folle avec la mort, dans son désir d'exister sur deux plans différents, par Johnny, obsédé conjointement par le désir d'arrêter le coupable et la sympathie pour un dépassement de soi qui le rend presque frère de celui-ci. La progression de l'histoire se fait de manière intelligente et magnétique, passant graduellement d'une manifestation rebelle non violente et presque sympathique, à une tragédie où la mort gagne à tous les coups. 
 
  Sur le plan de la trame policière pure, on a déjà vu beaucoup plus fascinant. Sur celui de l'habillage humain qui enveloppe le sujet, c'est une fort belle réussite, qui se clôt dans un dénouement subtil et mélancolique. 
 
  N.B. Bodhi se fait appeler par ses copains : "Boddhisattva". Le "Boddhisattva" est un être de pure compassion, qui renonce à la libération définitive pour aider les hommes à trouver leur délivrance ! En l'occurrence, il libère surtout les banques de leur contenu...
   
Bernard Sellier