Le pont des espions, film de Steven Spielberg, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Le pont des espions,
      (Bridge of spies),        2015, 
 
de : Steven  Spielberg, 
 
  avec : Tom Hanks, Mark Rylance, Brian Hutchison, Amy Ryan, John Rue, Billy Magnussen, Alan Alda,
 
Musique : Thomas Newman

 
   
Le début des années 60. Les États-Unis et l'URSS se livrent une guerre sans merci par espions interposés. Accusé d'espionnage, Rudolf Abel (Mark Rylance) est arrêté en Amérique et traduit en justice. Il risque la peine de mort. C'est l'avocat James B. Donovan (Tom Hanks), spécialiste en droit des assurances, qui est chargé de le défendre... 
 
   Spielberg se plonge avec le sérieux qui le caractérise parfois ( le récent "Pentagon papers" ), dans les dessous de la guerre froide. Il suit avec un réalisme solide (la reconstitution d'époque est remarquable) le parcours de ces deux hommes que tout oppose et qui, pourtant, se reconnaissent dans nombre de qualités morales ou simplement humaines. Le contexte est dramatique. Abel se voit menacé d'une exécution capitale. James Donovan voit sa vie familiale bouleversée par la haine paranoïaque de nombreux compatriotes incapables de comprendre que l'on n'exécute pas immédiatement le bolchévique diabolique. La CIA se mêle des tractations qui sont menées pour l'échange des prisonniers. La construction du mur de Berlin détruit l'existence de milliers de personnes. Sans compter qu'à chaque instant un appui sur le bouton fatidique risque de plonger le monde dans un conflit thermonucléaire... Bref, il n'y a pas de quoi rigoler ! Et pourtant, paradoxalement, le film se fait presque léger. Il gomme les aspérités d'une manière surprenante. 
 
   James Donovan est un bon avocat, un bon patriote, un bon mari, un bon père de famille. Abel est un homme simple, sensé, détaché, qui semble se désintéresser de son sort. L'envoyé de la CIA, contrairement à ses homologues qui pullulent dans les productions hollywoodiennes, n'a rien d'un méchant. Il serait même, par moments, presque sympathique. Les interlocuteurs soviétiques n'ont rien de terrifiant. Même les intenses rebondissements qui ponctuent les tractations en Allemagne de l'est voient leurs pics dramatiques écrêtés. Certes, on ne demandait pas un blockbuster façon Michael Bay. Mais tout de même le spectateur peut demeurer un peu interloqué par cette approche lénifiante. Les qualités narratives sont excellentes, les acteurs sont impeccables, mais cette oeuvre ne suscite au final qu'un intérêt poli et un enthousiasme mitigé. Un petit 5 étoiles...
   
Bernard Sellier