Pentagon papers, film de Steven Spielberg, commentaire

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Pentagon papers,
     (The Post),        2017, 
 
de : Steven  Spielberg, 
 
  avec : Meryl Streep, Tom Hanks, Bob Odenkirk, Sarah Paulson, Bradley Whitford, Bruce Greenwood, Justin Swain,
 
Musique : John Williams


   
Suite au suicide de son mari, Katharine Graham (Meryl Streep) est devenue propriétaire du journal Washington Post. Avec l'aide de son fidèle second, Ben Bradlee (Tom Hanks), elle prépare une introduction en bourse, afin de dynamiser l'entreprise. Mais une soudaine publication du New York Times va bouleverser la donne... 
 
   Les scandales, manigances et secrets soigneusement enfouis par les gouvernements sont une inépuisable source d'inspiration pour les cinéastes ( "Les hommes du Président", "Des hommes d'influence", "House of cards"...). Les menaces et les dilemmes qui apparaissent dans ces circonstances orientent souvent le drame intérieur et le contexte politique vers un pur thriller. Ce n'est pas le cas ici, l'intrigue demeurant circonscrite à une suite d'affrontements internes entre les tièdes, Fritz Beebe (Tracy Letts), voire les lâches, et ceux qui, à l'instar de Ben Bradlee ou de Ben Bagdikian (Bob Odenkirk), placent la liberté de la presse et le désir d'informer coûte que coûte, au-dessus des intimidations ou des injonctions. Comme cela se produit souvent dans ce genre de film, le début se montre assez confus, un grand nombre de personnages surgissant de toutes parts, chacun mentionnant d'autres intervenants étrangers au spectateur, mais c'est le prix à payer pour découvrir, dans un cadre authentique, un univers grouillant, agité, au sein duquel d'innombrables informations jaillissent en continu. 
 
   Heureusement, la narration se recentre assez rapidement sur les véritables enjeux. En premier lieu, bien sûr, la découverte par un journaliste, Daniel Ellsberg (Matthew Rhys), correspondant de guerre au Vietnam, de milliers de pages secrètes prouvant que, depuis plusieurs décennies, les Présidents ont menti aux Américains. Le dilemme est alors simple. Est-il judicieux et surtout légal de divulguer ces documents classés 'secret défense'. Eternelle question qui divise les récipiendaires de cette bombe à retardement. Le sujet n'est pas nouveau, s'est vu souvent traité, mais il produit toujours son petit effet, surtout lorsqu'un militant de la carrure de Tom Hanks est au centre de l'intrigue. En l'occurrence, même si le déroulement des événements est bien connu, ce qui réduit inévitablement le suspense, la passion introduite par le réalisateur et les scénaristes dans la progression dramatique ne peut que captiver le spectateur. 
 
   Mais, cerise sur le gâteau, l'oeuvre introduit une seconde thématique, qui sonne, en cette période particulièrement troublée (l'affaire Harvey Weinstein et ses suites innombrables...), comme un rappel indispensable des difficultés qu'éprouvent les femmes , depuis des temps immémoriaux, pour obtenir les places et le respect qui leur sont dus. Propulsée accidentellement à la tête du Washington Post, alors qu'elle n'était que l'épouse en retrait du brillant directeur, elle se voit brutalement placée dans une situation hautement périlleuse. Meryl Streep donne à cette personnalité à la fois fragile et déterminée une subtile incarnation qui allie avec bonheur classe, désarroi et force intérieure. 
   
Bernard Sellier