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Potiche,
       2010, 
 
de : François  Ozon, 
 
  avec : Catherine Deneuve, Fabrice Luchini, Gérard Depardieu, Karin Viard, Judith Godrèche, Jérémie Rénier, Sergi Lopez,
 
Musique : Philippe Rombi

  
   
Robert Pujol (Fabrice Luchini) dirige d'une main de fer une entreprise de parapluies. Son épouse, Suzanne (Catherine Deneuve), réduite à l'état de "potiche", passe ses journées à faire du jogging, et à composer des petits poèmes à l'eau de rose. Lorsque son mari est victime d'un malaise cardiaque, à la suite d'une grève, elle contacte un de ses anciens amants, Maurice Babin (Gérard Depardieu), devenu député communiste. Celui-ci lui conseille de prendre les rênes de la société tandis que Robert se remet de son attaque... 
 
   François Ozon n'a pas son pareil pour s'entourer d'une pléthore de comédien(ne)s. Manifestement il les aime, et les artistes le lui rendent souvent bien. Dans le cas présent, Catherine Deneuve s'affiche avec une spontanéité et charme naturel qu'on ne lui connaissait plus depuis longtemps. Quant à Gérard Depardieu, il donne naissance à deux ou trois scènes illuminées par sa touchante fragilité. Pour continuer dans le registre des satisfactions, félicitons-nous de voir ce qui est à l'origine un vaudeville devenir une comédie intelligente, sans vulgarité ni tapages incongrus, qui plus est fondée sur un thème malheureusement toujours d'actualité, surtout dans certaines zones de la planète. Voir au vingt et unième siècle qu'une femme n'a pas le droit de sortir seule de chez elle, ou qu'elle est condamnée à la prison pour avoir conduit une voiture, semble relever de l'hallucination pure ! Quant à la reconstitution des décors seventies, elle est aussi réaliste que jouissive (les papiers peints ! Hou la la !!!). 
 
   Malheureusement malgré ces qualités loin d'être négligeables, se reproduit ici un phénomène identique à celui observé dans "8 Femmes". A savoir que la multitude des atouts ne donne pas, dans leur association, la pleine mesure de leurs potentialités natives. Même si c'est ici moins flagrant que dans le film précité, l'enthousiasme, l'excitation, ne jaillissent jamais. Bien sûr, le film n'a pas la prétention, Dieu merci !, d'être une grosse comédie aux gags pachydermiques. Bien sûr le sourire, parfois tendre, parfois complice, naît fréquemment. Mais le spectateur exigeant aurait souhaité voir un soupçon de piment répandu de ci de là, voir apparaître quelques pics illuminateurs au milieu des collines paisibles. 
 
   Globalement, l'œuvre se révèle plaisante, intelligente, mais bien sage, voire, ponctuellement, un peu terne.
   
Bernard Sellier