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Pour un garçon,
     (About a boy),       2002, 
 
de : Chris  Weitz, Paul  Weitz, 
 
  avec : BHugh Grant, Toni Collette, Rachel Weisz, Nicholas Hoult, Sharon Small, Isabel Brook,
 
Musique : Damon Gough, Charles Fox...

   
   
Will (Hugh Grant) a 38 ans, et n'a jamais travaillé de sa vie, son père ayant jadis composé une chanson "la fusée du père Noël", qui, devenue "tube", lui rapporte des droits d'auteurs conséquents. Son unique occupation consiste à regarder la télévision et, surtout, à draguer. Si la réussite dans ce domaine est incontestable, les ruptures sont parfois traumatisantes. Après une énième et courte liaison avec Angie (Isabel Brook), mère célibataire d'un fils de trois ans, une illumination s'opère dans l'esprit de Will : les femmes seules avec enfant constituant un mets de choix, c'est dans cette catégorie qu'il faut effectuer sa chasse ! Il s'invente donc un fils de deux ans, Ned, et participe aux réunions régulières des parents solitaires. C'est là qu'il rencontre la belle Suzy (Victoria Smurfit) mère d'une petite Megan. Mais, à leur première sortie, la jeune femme amène Marcus (Nicholas Hoult), fils de son amie Fiona (Toni Collette), éternellement en dépression... 
 
   Hugh Grant endosse une nouvelle fois l'habit qu'il connaît bien ( depuis le jubilatoire "4 Mariages, 1 enterrement" ), celui du dragueur cynique, qui ne voit dans la femme qu'un gibier à consommer rapidement et à jeter après épuisement. Dès l'ouverture de l'histoire, il se définit d'ailleurs clairement, en voix off : "une île dévolue au plaisir", en l'occurrence Ibiza. Expert incontesté dans le domaine de l'égocentrisme programmé, il divise ses journées en séquences de trente minutes, accordant à chaque activité un certain nombre d'unités. Il est insipide, superficiel à l'extrême, mais sa longue pratique de l'hypocrisie lui permet le plus souvent de donner le change. Autant dire que ce rôle va comme un gant à Hugh Grant qui semble, à l'instar de Dorian Gray, ne pas connaître les effets du vieillissement. 
 
   Bien évidemment, cette façade rutilante ne va pas tarder à présenter ses premières lézardes. Par la grâce d'un pré-adolescent en crise ( lui aussi commente en voix off sa "vie de merde" à l'école et à la maison ), le coeur, qui était en congélation permanente dans la poitrine du séducteur, va se réchauffer lentement, très progressivement, au gré de séquences tantôt dramatiques, tantôt émouvantes, toujours amenées avec sensibilité et justesse. Nicholas Hoult campe avec une grande authenticité ce garçonnet opprimé par le destin, souffre-douleur des imbéciles de l'école, dans l'angoisse permanente d'une tentative de suicide maternelle, qui trouve néanmoins, au fond de son être, l'énergie nécessaire à la création du bonheur. Quitte à affronter le ridicule d'une catastrophe annoncée, comme dans la belle scène du spectacle final. Toni Collette est criante de vérité dans le rôle de mère dépressive, totalement dépassée dans sa mission quotidienne maternelle, mais n'ayant jamais coupé le fil d'amour qui la relie à son fils. 
 
   Quelques petites baisses de rythme parsèment l'ensemble, mais ne ternissent aucunement la réussite de cette comédie sérieuse et touchante, intelligemment construite, dans laquelle Hugh Grant casse son personnage lisse et hautain de bellâtre égoïste.
   
Bernard Sellier