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Prisoners,
      2013, 
 
de : Denis  Villeneuve, 
 
  avec : Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Viola Davis, Maria Bello, Terrence Howard, Melissa Leo, Paul Dano,
 
Musique : Johann Johannsson


   
La petite Anna Dover (Erin Gerasimovich) disparaît un jour avec une voisine de son âge. Le conducteur d'un camping-car, qui avait été vu quelques heures auparavant à proximité, est arrêté et interrogé par le détective Loki (Jake Gyllenhaal). Mais il s'agit d'un déficient mental, et aucune preuve n'ayant pu être retenue contre lui, le jeune homme est libéré. Furieux, le père d'Anna, Keller (Hugh Jackman), persuadé qu'il s'agissait du coupable, décide d'agir seul... 
 
   Un drame aussi simple que poignant, qui évoque, comme l'ont souligné nombre de critiques, le magnifique "Mystic River" de Clint Eastwood. Dans un décor lugubre, glacial, inondé d'une pluie incessante, quelques âmes tourmentées poursuivent une quête désespérée d'un rayon d'espoir qui s'amenuise au fil du récit. L'un des moteurs principaux est la colère : contre l'impuissance de la police, contre le mutisme accablant du suspect, mais aussi contre un destin mortifère, contre Dieu. La nuit est omniprésente, matériellement parlant, mais aussi dans l'intimité des personnages. Le spectateur ne sait quasiment rien d'eux, de leur histoire. Seules sont prises en compte leur douleur, leur ténacité opiniâtre, leur fureur, toutes émotions immédiates générées par la tragédie vécue. Mais celles-ci affichent une telle urgence, une telle intensité, que jamais ne transparaît à l'écran une quelconque sensation de figures "vides". Bien au contraire, l'incarnation viscérale sauvage de Hugh Jackman et celle, emplie de tourmente refoulée de Jake Gyllenhaal, saturent cette œuvre longue, ascétique, oppressante, d'une humanité aussi terrifiante que digne de compassion. 
 
   Un drame envoûtant, abrupt, violent, dépourvu de toute complaisance, et admirablement maîtrisé.
   
Bernard Sellier