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La promesse,
      Série,      2020
 
de : Anne  Landois..., 
 
avec : Sofia Essaïdi, Olivier Marchal, Lorànt Deutsch, Nadia Fares, Guy Lecluyse, Robinson Stévenin, Elisa Ezzedine,
 
Musique : Nathaniel Mechaly


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

     
Noël 1999. La «tempête du siècle» fait rage dans les Landes. Charlotte Meyer (Céleste Lévy), une fillette de 11 ans, est portée disparue. Le kidnapping ne fait aucun doute. Pierre Castaing (Olivier Marchal), en charge de l'enquête est persuadé que le coupable est un menuisier, Serge Fouquet (Guy Lecluyse). Mais un jeune homme, Toni Andrei (Jules Houplain) avoue le crime. Le corps de Charlotte n'est jamais retrouvé, et Toni obtient un non-lieu...

    Cette série française fait plus d'une fois penser à une autre réussite majeure, sortie en 2015, «Disparue». En raison du thème central, bien sûr, à savoir la disparition d'une fillette et la difficile enquête qui en découle. Mais surtout pour la qualité de la réalisation et de la dramaturgie, qui, bien souvent, font défaut dans nos créations policières nationales. Le premier épisode génère un peu d'inquiétude, en particulier parce que certains dialogues ne sortent pas d'une prévisibilité qui est la marque fâcheuse des téléfilms de base. Mais très rapidement le récit s'enfonce dans une rigueur et une authentique gravité qui ne faibliront pas jusqu'au dénouement. Même s'il est possible de tiquer lors de certaines scènes (Lilas (Leslie Médina), fille cadette de Pierre Castaing, retrouve son portable qui n'a pas servi depuis des mois et la batterie fonctionne sans problème...), la construction de l'intrigue impressionne par sa maîtrise. Il est quasiment impossible de découvrir le fin mot de cette histoire double avant le dernier épisode, et la surprise est de «taille». Le spectateur a droit, comme il se doit, à une accumulation de pistes qui, tour à tour, clignotent ou s'éteignent. Le travail des cinq scénaristes ne pâlirait pas devant une création «Harlan Coben». Pourtant, ce ne sont pas l'intrigue et le suspense qui retiennent le plus l'attention.

    Tout comme c'était le cas dans «Disparue», ce qui frappe de manière implacable, c'est l'analyse psychologique affûtée des personnages et, en particulier ici, l'implication, à vingt ans de distance, de Pierre Castaing et de sa fille Sarah (Sofia Essaïdi) dans deux enquêtes qui menacent à tout instant de finir dans les oubliettes. La performance dramatique d'Olivier Marchal, totalement obsédé par son impuissance à honorer sa promesse de retrouver Charlotte vivante, et flirtant avec la folie, se révèle impressionnante de justesse et d'intensité. Il faut dire qu'il a peut-être vécu, dans son ancienne vie professionnelle de policier, des échecs qui se sont imprimés de manière indélébile dans son émotionnel. La répétition de son impuissance est vécue par sa fille de manière différente, Sarah se montrant nettement plus maîtrisée que son père, même si, parfois, le volcanisme familial ressurgit lorsque ses collègues ne partagent pas ses intuitions. La conduite en parallèle de ces deux quêtes de vérité est conduite avec un équilibre, un dosage et une maîtrise assez étonnants. Elles défilent, s'entrecroisent, se chevauchent parfois, mais toujours de manière très fluide. Un autre point très positif réside dans la caractérisation des seconds rôles, non seulement jamais négligés, mais souvent dessinés avec une richesse expressive et émotionnelle remarquable. C'est le cas de Serge Fouquet, de Toni Andrei, mais aussi de Jérôme Sambuc (excellent Lorànt Deutsch), le second de Pierre Castaing devenu commandant de police. Le succès public qu'a connu cette série est amplement mérité...
   
Bernard Sellier