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The reader,
       2008, 
 
de : Stephen  Daldry, 
 
  avec : Ralph Fiennes, Kate Winslet, David Kross, Jeanette Hain, Susanne Lothar, Alissa Wilms, Matthias Habich,
 
Musique :  Nico Muhly

 
   
1958 à Neustadt, en Allemagne de l'ouest. Le jeune Michael Berg (David Kross), âgé d'une quinzaine d'années. se sent soudain très mal en rentrant du collège. Une femme d'une trentaine d'années, Hanna Schmitz (Kate Winslet), lui vient en aide. Quelques semaines plus tard, guéri de la scarlatine, il vient la remercier. Commence alors une liaison passionnée entre eux, bien que la jeune femme manifeste parfois d'étranges comportements... 
 
   Il est au moins un point sur lequel le consensus est quasi absolu. Il s'agit de l'interprétation de Kate Winslet, tour à tour fragile, énigmatique, déconcertante, ambiguë, mais constamment bouleversante, aussi authentique dans la jeune femme torturée que dans la femme mûre usée, et justement récompensée par les Oscars. Pour ce qui est du film en lui-même, le spectateur peut à juste titre être déconcerté. Non par l'un des thèmes principaux, à savoir la découverte par un adolescent de potentialités intérieures jusqu'alors occultées en raison d'une éducation trop rigide. C'était déjà le sujet du précédent film de Stephen Daldry, "Billy Elliot". 
 
   En revanche l'approche du second thème majeur, en l'occurrence la révélation de la partie sombre, voire noire, de l'être aimé, pose davantage de problème. Costa-Gavras l'avait déjà abordé de manière poignante dans "Music Box". Ici le réalisateur choisit une distanciation d'entomologiste pour observer ces rapports humains gangrenés par une vérité abominable. Ce détachement vis à vis des crimes nazis, associé à l'humanité souffrante qui habite le personnage d'Hanna, peuvent certes choquer au premier abord. Pourtant, celui qui sait que la réincarnation est une réalité, qui est conscient que chacun de nous, aussi "blanc" soit-il présentement, a commis, jadis, nombre d'atrocités aussi abominables, ne peut que comprendre, accepter et apprécier cette absence de jugement. 
 
   Un second point rend également perplexe. Ce besoin d'entendre lire, seul contact, hormis l'aspect charnel, des deux amants avec ce que l'humain possède de pouvoir reliant et communicant, paraît, durant un long moment, artificiellement plaqué sur un scénario qui donne l'impression de se chercher, au travers d'allers-retours temporels plus ou moins justifiés. Pourtant, au bout du compte, la conjonction de ces approches, ponctuellement discutables, mais exemptes de tout manichéisme, donne naissance à un tableau humain gorgé de respect, de pudeur, de sensibilité, et de vraie compassion.
   
Bernard Sellier