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Redacted,
      2007, 
 
de : Brian  de Palma, 
 
  avec : Izzy Diaz, Ty Jones, Mike Figueroa, Rob Devaney, Patrick Carroll, Nick Seeley,
 
Musique : --


   
Juin 2006. La section alpha de l''armée américaine tient un barrage routier à l'entrée de la petite ville de Samara. La tension psychologique est constante. Le jeune Angel Salazar (Izzy Diaz), deuxième classe, espère devenir réalisateur et, pour se faire la main, filme ses coéquipiers dans toutes les situations possibles. Un jour, une voiture semble forcer le barrage. Reno Flake (Patrick Carroll) tire comme il en a reçu l'ordre. Une femme enceinte, que son frère conduisait d'urgence à l'hopital, est tuée. Quelques jours plus tard, le sergent Sweet (Ty Jones) est tué par une mine enfouie au milieu d'un amoncellement de vieux meubles abandonnés... 
 
   De Palma réactualise l'une des œuvres marquantes de sa filmographie, à savoir "Outrages", en l'actualisant (l'Irak remplace le Viet-Nam) et, surtout, en modernisant sa manière d'appréhender le drame central. Lawyer McCoy (Rob Devaney) reprend la position qu'occupait Michael J. Fox, tandis que B.B. Rush (Daniel Stewart Sherman) reprend celle de Sean Penn. Cette similitude est a priori assez surprenante. Même si l'indignation envers de tels actes relevant de la barbarie pure est justifiée, le réalisateur aurait tout de même pu se donner la peine de ne pas photocopier sa première réalisation. Il n'a pas choisi cette voie, mais celle de la mise au goût du jour des moyens de réflexion. Alors qu'"Outrages" prenait la forme d'un récit classique, à la dramaturgie progressive, "Redacted" est composé d'une multitude d'approches visuelles et narratives qui vont de la video amateur tournée par un soldat, à celle des caméras de surveillance, en passant par de pseudo vidéos publiées sur Internet. L'avantage premier est évident : le spectateur a droit à une foultitude de points de vue qui éclairent ou obscurcissent le déroulement des événements. Paradoxalement, à une époque où la prise de vue est instantanée, omniprésente, la réalité n'a jamais été autant déformée ou déformable. L'apparente révolte de Brian de Palma semble également s'être amplifiée. Mais, comme c'est le cas pour les images, s'agit-il d'une apparence ou d'une certitude ? Assurément, B.B. Rush est un irresponsable, un abruti, qui justifie ses exactions par le fait que "les autres" font pire. D'autre part, quelques vérités bien senties sur l'extravagante supériorité que l'Américain moyen affiche vis à vis du reste du monde sont assénées. Mais elles sont servies par une extrémiste à la haine viscéralement enracinée. Dès lors, les fanatiques de tous bords sont renvoyés dos à dos, éternels pourfendeurs de la paix, du respect et de l'amour. Alors... Ecoeurement de bonne foi devant une incursion militaire en Irak totalement injustifiable, ou manipulation exhibitionniste ? Difficile pour ne pas dire impossible de trancher. Ce qui ressort peut-être de cette expérience filmique, c'est que la juxtaposition de sources diverses pour "éclairer" le propos du réalisateur ne semble pas le moyen le plus efficace pour réveiller la conscience de ceux qui "dorment", tant certaines séquences "bon enfant" cassent la tension que d'autres exacerbent. Mais c'est évidemment là une impression toute personnelle.
   
Bernard Sellier