Outrages, (Casualties of war), film de Brian de Palma, commentaire

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Outrages,
        (Casualties of war),       1989, 
 
de : Brian  de Palma, 
 
  avec : Sean Penn, Michael J. Fox, Don Harvey, John C. Reilly, Thuy Thu Le, John Leguizamo,
 
Musique : Ennio Morricone

 
   
Eriksson (Michael J. Fox) est depuis peu au Vietnam dans le groupe du sergent Tony Meserve (Sean Penn), qui lui sauve la vie au cours d'une escarmouche. Pendant une reconnaissance dans un village présumé ami, le radio Brown (Erik King) est tué. Quelques jours plus tard, Meserve met à exécution l'idée qu'il avait émise : kidnapper une jeune Vietnamienne et s'en servir de divertissement au cours de la mission entreprise. Herbert Hatcher (John C.Reilly) et le caporal Thomas E. Clark (Don Harvey) approuvent l'initiative. Horrifié, Eriksson compte sur le nouveau, Antonio Diaz (John Leguizamo) pour le soutenir dans son opposition. Mais Diaz craque et Eriksson se retrouve seul pour défendre la jeune fille... 
 
     A partir d'un fait ponctuel dramatique authentique (paru en 1969 dans un article du New Yorker), noyé dans les abominations quotidiennes d'une guerre délirante, Brian de Palma dissèque implacablement le mécanisme pathologique qui transforme des êtres plongés dans l'horreur et la peur permanentes, en bêtes sauvages prêtes à justifier n'importe quelle exaction au nom du "ils nous font pire chaque jour". Avec un réalisme sauvage et sans complaisance, aussi bien physique que psychologique, il suit la progression intérieure des souffrances, des doutes, des angoisses, de la peur qui naît aussi bien de l'ennemi qui, à tout instant, peut surgir derrière le plus innocent villageois, que de la hiérarchie prête à tout pour étouffer un scandale. Michael J. Fox, que l'on a connu adolescent futile dans "Retour vers le futur", ( et qui tourne d'ailleurs, la même année, le volet II des aventures de Marty McFly ), se montre ici particulièrement habité par ce rôle de "puceau" dans la guerre, à la fois ferme et fragile, incapable d'agir au moment opportun, rongé de remords, dont la droiture et la soif de justice se heurtent à la crainte du supérieur, de la vengeance des compagnons, et au poids de la gratitude. Quant à Sean Penn, comme toujours magistralement impliqué dans son personnage, il irradie l'écran de sa folie contenue et de son délire.  
 
   Réflexion amère, déchirante, sur le pouvoir de transformation que la guerre et son cortège d'infamies sont capables de générer chez l'homme a priori "normal". "C'est justement parce que nous pouvons mourir dans la minute qui suit, que nous devons faire encore plus attention à ce que nous faisons", rétorque Eriksson à un Meserve désespérément nihiliste. A méditer... 
 
   Belle musique d'Ennio Morricone, qui a le bon goût de rester sobre.
   
Bernard Sellier