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Reviens-moi,
     (Atonement),         2007, 
 
de : Joe  Wright, 
 
  avec : Keira Knightley, James McAvoy, Brenda Blethyn, Juno Temple, Saoirse Ronan, Patrick Kennedy, Vanessa Redgrave, Benedict Cumberbatch,
 
Musique : Dario Marianelli


   
1935 en Angleterre. Dans une riche demeure vivent la jeune et jolie Cecilia Tallis (Keira Knightley), sa soeur cadette Briony (Saoirse Ronan), qui écrit une pièce de théâtre, leur mère, Emily (Harriet Walter), souvent migraineuse, ainsi que Robbie Turner (James McAvoy), fils d'une femme de ménage, Grace (Brenda Blethyn). Robbie souhaite faire des études de médecine. Le jour où le frère de Cecilia, Leon (Patrick Kennedy) revient au domicile en compagnie d'un ami, Paul Marshall (Benedict Cumberbatch), Robbie déclare son amour à Cecilia. Mais Briony a découvert leur relation... 
 
   Passablement déconcertante cette oeuvre qui tente, sans vraiment y réussir, de métamorphoser une histoire très classique en une construction originale, dont le montage élaboré aurait pour finalité de surprendre le spectateur tout en intensifiant le pouvoir émotionnel des éléments bruts. Reconnaissons que le dénouement, aussi inattendu que déchirant, justifierait presque, à lui seul, la tentative. Mais, une fois le traumatisme ultime digéré, la globalité du film s'impose à nouveau à la mémoire, et la perplexité reprend sa place. Après une ouverture qui évoque un James Ivory énergique, avec intérieurs feutrés, apparences sereines, tout un eldorado factice dissimulant à grand peine les pulsions et les désespoirs qui sommeillent en chaque habitant, la passion semble enfin jaillir. Pourtant, c'est immédiatement une plongée longue, atone, presque ennuyeuse, dans la guerre et l'éloignement des coeurs enflammés. Et, dans cet espace où l'on se serait attendu à voir surgir la fièvre et la hargne, c'est la léthargie qui envahit le récit. Dès lors, l'imbrication ponctuelle de séquences antérieures au récit, qui, au début, conférait à la narration une originalité et une richesse inconstestable (certaines scènes étant vues sous l'angle interprétatif de personnages différents), prend l'allure d'une affectation assez gratuite, voire nuisible à la dramaturgie. Enfin, nouvelle donne, la dernière partie éclate d'intelligence, d'authenticité psychologique, explorant le pouvoir de l'imaginaire sur l'inéluctabilité des actions. L'interprétation est à l'unisson de la construction choisie par le réalisateur. Les personnalités sont tour à tour languissants, distants, hautains, enflammés. James McAvoy et Keira Knightley, dont on pressent le potentiel romantique et lyrique, semblent trop sous employés. 
 
   En fin de compte, c'est peut-être un excès d'intelligence maîtrisée qui donne à cette tragédie humaine, a priori poignante, une forme le plus souvent figée, hiératique, bien au-delà ce ce qu'il était possible d'attendre sans pour autant tomber dans le pathos larmoyant. Sur un sujet assez proche, nous préférons le "Retour à Cold Mountain" du regretté Anthony Minghella, sans parler, bien sûr, de son sublime "Patient anglais"...
   
Bernard Sellier