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Ricochet,
       1991, 
 
de : Russell  Mulcahy, 
 
  avec : Denzel Washington, John Lithgow, Ice T, Kevin Pollack, Lindsay Wagner, John Amos,  
 
Musique : Alan Silvestri, Ice T

 
   
Nick Styles (Denzel Washington) est un jeune policier. Il fait équipe avec son ami Larry Doyle (Kevin Pollack). Un jour, fortuitement, Nick permet l'arrestation d'un certain Earl Talbott Blake (John Lithgow) qui vient de tuer plusieurs truands pour les dévaliser. Plusieurs années passent. Nick, qui a terminé ses études de droit, est devenu assistant du procureur Priscilla Brimleigh (Lindsay Wagner). Il est marié et père d'une fillette. Ivre de vengeance, Blake croupit en prison. Il réussit enfin à s'évader avec l'aide de néo-nazis et à se faire passer pour mort. Dès lors, il ne lui reste plus qu'à opérer... 
 
  Que nécessite un film pour devenir un thriller honnêtement efficace ? Un héros charismatique ? Denzel Washington est l'homme idéal pour cela, d'autant plus qu'il donne vie, ici, à un être brave, intelligent, gentil quand il le faut et sévère idem, bon père, bon époux, bon procureur, bref, à la crème de l'humanité. Un méchant très méchant ? John Lithgow en a la carrure et son rictus vous colle des frissons. Une intrigue suffisamment construite pour tenir en haleine 90 minutes ? Le scénario n'a rien d'extraordinaire, mais il est convenablement construit, lorgnant au passage vers un peu d'érotisme et une violence exacerbée (voire gratuite). "Ricochet" est un thriller efficace. 
 
  Que nécessite un film pour devenir un "grand" thriller ? Tout ce qui précède, bien sûr, mais aussi une pincée de génie qui, d'un coup de baguette magique, métamorphose les tableaux ordinaires en fresques transcendantes, transfigure des personnages standard, proprement incarnés, en individualités profondes et inoubliables, opère l'enchantement de faire oublier au spectateur qu'il s'agit d'une fiction proprette pour le glisser dans une tragédie qui le dévore et engloutit sa réflexion. Ce n'est jamais le cas ici. On sent le travail estimable d'une équipe, mais l'ensemble ne s'échappe jamais de sa marque de fabrique estampillée polar artificiel. Deux simples comparaisons : Denzel Washington est excellent ici, comme dans la grande majorité de ses interprétations. Dans "Training day", il sera magistral, unique. "Ricochet" est une variante correcte sur le thème classique de la vengeance, ménageant quelques scènes choc dont celle, à l'intérieur de la prison, du duel au sabre (Russell Mulcahy se croyait peut-être encore dans "Highlander" ?). Sorti la même année (1991), (est-ce une coïncidence ?), "Les nerfs à vif" de Martin Scorcese sera une œuvre à l'image de son réalisateur : envoûtante sinon magistrale.
   
Bernard Sellier