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Rob Roy,
     1995, 
 
de : Michael  Caton-Jones, 
 
  avec : Liam Neeson, Jessica Lange, John Hurt, Tim Roth, Eric Stoltz, Brian Cox, Gilbert Martin,
 
Musique : Carter Burwell

  
   
1713, en Ecosse. Robert Roy MacGregor (Liam Neeson) demande au riche John Graham, Marquis de Montrose (John Hurt) un prêt de mille livres afin d'acheter des bêtes. Il compte les revendre et en tirer un bénéfice substantiel. Mais l'odieux Archibald Cunningham (Tim Roth), de connivence avec l'intendant du Marquis, Killearn (Brian Cox), assassine l'envoyé de Robert, Alan MacDonald (Eric Stoltz), et dérobe l'argent. Accusé de vol, MacGregor se voit contraint de fuir la colère de son créancier... 
 
   Sorti la même année que "Braveheart", le film de Michael Caton-Jones ne possède pas le flamboiement et le panache de l'oeuvre tournée par Mel Gibson. Il n'en démérite pas pour autant. Si l'intrigue apparaît un peu mince, la politique et l'histoire se voyant damer le pion par une intrigue purement matérielle, si le rythme général est parfois languissant, l'intensité des sentiments, des émotions et la véhémence des personnages compensent en grande partie ces états de fait. Pénétré initialement par les codes de l'honneur, écrasant de leur élévation toutes autres considérations, le drame abandonne peu à peu cette conception vitale marmoréenne pour y insuffler l'amour véritable, celui qui est capable d'effacer l'orgueil et de reconnaître l'erreur ou l'illusion dans les dogmes ancestraux.  
 
   Sans chercher à être inoubliable dans la mise en scène, M. Caton-Jones et son scénariste ont eu l'intelligence de composer une galerie de personnages contrastés, souvent hauts en courage comme en félonie. Outre Liam Neeson, dont l'expressivité ne surprend pas, Jessica Lange se montre ici particulièrement émouvante. Quant à Tim Roth, il livre avec jubilation une incarnation particulièrement pittoresque et glaçante d'une ordure de première grandeur. Hypocrite, efféminé à souhait, minaudant à plaisir, son sourire machiavélique se révèle infiniment plus effrayant que la férocité affichée de bien des brutes épaisses. Bien que l'introspection psychologique soit réduite, les personnages qui entourent le trio principal sont suffisamment bien croqués pour ne pas faire figure de fantoches secondaires. "Rob Roy" n'est qu'un film d'amour sur fond de traîtrises de bas étage, sans ambition sociale ou historique. Mais il est un très beau film d'amour...
   
Bernard Sellier