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Rocky,
        1976, 
 
de : John G.  Avildsen, 
 
  avec : Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young, Joe Spinell, Burgess Meredith, Carl Weathers,
 
Musique : Bill Conti

  
   
Rocky Balboa (Sylvester Stallone) a la trentaine, une vie relativement sordide, pas de compagne, et un talent de boxeur qu'il n'a jamais exploité. Entre quelques combats peu glorieux contre des inconnus, il arrondit ses fins de mois en récupérant l'argent des débiteurs d'un usurier de seconde zone, Tony Gazzo (Joe Spinell). Il aimerait bien séduire Adrianna (Talia Shire), la soeur de son copain Paulie Pennino (Burt Young), mais la jeune femme est tellement timide que Rocky n'ose la brusquer. Un jour, le champion du monde, Apollo Creed (Carl Weathers) décide, son adversaire prévu étant blessé, de donner sa chance à un inconnu. Le sort tombe sur Rocky... 
 
  John G. Avildsen semble être inspiré par les personnages qui, placés dans une situation inférieure ou difficile, parviennent, à force de ténacité, de courage, à transcender leurs conditions ou leurs limitations. C'est le cas ici, tout comme cela se retrouvera dans les deux "Karate Kid" ou encore dans le poignant "Puissance de l'ange". En fait, ce premier volet des aventures de Rocky est, heureusement pour ceux qui n'apprécient que très modestement le prétendu "noble art", beaucoup plus une oeuvre socio-psychologique qu'un véritable film de boxe. Celle-ci n'occupe qu'une très coute période au commencement, et le duel final est, curieusement d'ailleurs, assez rapidement expédié. Entre ces deux zones, se développe une longue et intéressante description de personnages paumés, plus ou moins losers professionnels, que le destin n'a pas placés, pour de multiples causes, sur une trajectoire flamboyante. Le réalisateur et son scénariste (Stallone himself !) ont privilégié une approche réaliste des faits et des individualités, sans sombrer dans le misérabilisme, mais avec une sensibilité à fleur de peau et une humanité sincère. L'entreprise de séduction que Rocky initie envers "Adrian" est à ce point de vue tout à fait révélatrice d'une délicatesse d'écriture et de sentiments dont on n'aurait pas cru capable le Stallone de "Rambo 2"... Les pièges du spectaculaire, de la gloriole, du minable soudain métamorphosé en géant ont soigneusement été évités, laissant place à une évolution psychologique et émotionnelle tout à fait crédible et mesurée.  
 
   Dans le genre, une belle réussite.
   
Bernard Sellier