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Le Roi des Rois,
     (King of Kings),     1961, 
 
de : Nicholas  Ray, 
 
  avec : Robert Ryan, Jeffrey Hunter, Viveca Lindfors, Hurd Hatfield, Carmen Sevilla, Rip Torn, Harry Guardino,
 
Musique : Miklos Rozsa


   
En 63 avant J.C., les armées romaines, sous le commandement de Pompée (Conrado San Martin), envahissent la Judée et prennent Jérusalem. Les gardiens du Temple sacré sont exécutés. Hérode le Grand (Grégoire Aslan) est nommé Roi. Averti qu'un nouveau-né pourrait être le futur Roi des Juifs, il ordonne à Lucius (Ron Randell), représentant de Rome, de faire assassiner tous les enfants mâles nés récemment. Joseph (Gérard Tichy), dont la femme, Marie (Siobhan McKenna) vient d'accoucher, est averti en songe de la menace. Il fuit avec elle et l'enfant en Egypte. Douze ans plus tard, ils sont de retour à Nazareth. Jean le Baptiste (Robert Ryan) baptise ceux qui le désirent dans le Jourdain et annonce à tous que le Messie est sur le point de se révéler... 
 
   Si l'oeuvre récente de Mel Gibson ("La Passion du Christ") peut irriter par sa vision réductrice et extrémiste de la mission Christique, il n'en est pas de même pour celle-ci ! Loin de là ! Dès les premières images, avec décors en carton pâte, commentaires en voix off, et musique grandiloquante, le ton est donné : ce sera du classique de chez traditionnel ! Pour celui qui tient à la fidélité envers les Evangiles, ce sera même une bénédiction. Pas une virgule importante n'a été modifiée. Le boeuf et l'âne dans l'étable, l'adolescence passée à raboter les planches, le séjour et tentation dans le désert, le recrutement des disciples, les miracles, le sermon sur la montagne, la Cène, le Mont des Oliviers, le baiser de Judas, le triple reniement de Pierre... Au bénéfice de cette adaptation soumise, le choix des acteurs, peu connus, qui ont le mérite de ne pas détourner, de la trame dramatique, l'attention du spectateur sensible aux célébrités. La mise en image, avec la démesure qui était de mise dans les années soixante, est relativement convaincante. Certaines scènes et certains personnages ne manquent pas de puissance et de charisme : la révolte dans Jérusalem, la visite de Jésus à Jean dans sa prison ; Lucius, l'officier Romain profondément ébranlé par la personnalité de Jésus ; Salomé, le monstre sadique et sanguinaire ; Hérode Antipas, Ponce-Pilate...  
 
   Sans nier ces qualités positives, il est tout aussi possible de voir l'oeuvre sous un jour moins enthousiasmant. La fidélité aux textes prend bien souvent l'apparence d'une application didactique, vidée de tout génie créatif. Compression du temps oblige, les discours de Jésus ressemblent à une compilation appliquée de toutes les paraboles bien connues. L'académisme règne en maître. Quant à celui qui cherche sa vérité au-delà des textes admis et consacrés par les Conciles des premiers siècles, il sera carrément en manque gravissime. Même si le choix esthétique de Jeffrey Hunter n'est pas condamnable, même si Nicholas Ray (qui allait replonger, deux ans après, dans les grandes fresques, avec "Les 55 jours de Pékin"), conduit sa réalisation avec une fièvre authentique, le souffle émotionnel et surtout spirituel passe bien rarement dans cette fresque trop conventionnelle et scolaire. Qui plus est, la musique de Miklos Rozsa, pas désagréable en elle-même, se montre, souvent envahissante, voire soûlante.
   
Bernard Sellier