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Roman de gare,
        2007, 
 
de : Claude  Lelouch, 
 
  avec : Dominique Pinon, Fanny Ardant, Michèle Bernier, Audrey Dana, Zinedine Soualem, Myriam Boyer, Serge Moati, Bernard Werber,
 
Musique : Alexandre Jaffray

  
   
Alors qu'un dangereux criminel, qui vient de s'évader de la prison de la Santé, est recherché par toutes les polices de France, la jeune Huguette (Audrey Dana) roule vers les Alpes en compagnie de son "fiancé" Paul (Cyrille Eldin), afin de présenter celui-ci à ses parents. Mais les deux amoureux se fâchent et Paul abandonne la jeune fille, en pleine nuit, sur une aire d'autoroute. Elle y rencontre un inconnu (Dominique Pinon), qui s'entête à lui venir en aide. Elle finit par accepter qu'il la conduise envoiture vers sa destination et lui demande s'il accepterait de passer pour son fiancé... 
 
   En quarante ans de carrière, Lelouch demeure de manière immuable fidèle à son style. Prisonnier, pourront dire certains détracteurs. Quoi qu'il en soit, il est parfois reposant de se trouver en territoire connu, sur des sentiers balisés de longue date. Les chansons rétro qui scandent certaines séquences, les infos radiophoniques pour "faire vrai", les émissions de télévision, avec un présentateur plus que pro (Serge Moati), qui dégouline de naturel... Et puis cette façon inimitable d'insérer les éléments les uns dans les autres, à la manière des poupées gigognes (Le titre du film est un roman de l'héroïne dont le voilier porte le même nom...). Bref, contrairement à l'intrigue du film, il ne fait aucun doute que c'est bien Lelouch, lui-même, himself, en personne, qui a concocté cette aventure ! Après des oeuvres particulièrement ambitieuses, le réalisateur revient à une certaine forme de simplicité, celle qu'on trouvait par exemple dans "La bonne année", ou dans le remarquable "Itinéraire d'un enfant gâté". A son habitude, il joue goulûment avec les quiproquos, les coïncidences, les synchronicités, les apparences, malaxe tout cela avec une habileté indéniable, un charme parfois prenant, et un infantilisme désarmant. Le problème, à supposer que c'en soit un, bien sûr, n'a guère changé avec les années : tout est mis en place pour donner un cachet flagrant d'authenticité aux événements, et pourtant l'évidence de l'artificialité de l'entreprise est toujours manifeste ! Tout comme certains personnages aiment à se faire prendre pour ce qu'ils ne sont pas, c'est aussi le cas pour le film, qui revêt les dorures et l'apparence d'un drame à entrées multiples, mais n'est, au bout du compte qu'une gentille romance, aussi improbable qu'inutilement tortueuse parfois. Il n'empêche que le plaisir simple de suivre ce conte, habité par des acteurs sympathiques et convaincants (Dominique Pinon et Audrey Dana sont excellents), n'est pas à dédaigner.
   
Bernard Sellier