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Sage-femme,
       2017, 
 
de : Martin  Provost, 
 
  avec : Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet, Mylène Demongeot, Quentin Dolmaire, Pauline Parigot, Audrey Dana,
 
Musique : Grégoire Hetzel


   
Claire Breton (Catherine Frot) vit seule et se consacre uniquement à sa profession de sage femme et à son fils Simon (Quentin Dolmaire) qui suit des études de médecine. Un jour, l'ex maîtresse de son père, Béatrice Sobolevski (Catherine Deneuve) réapparaît après trente ans d'absence. Les retrouvailles ne sont pas très chaleureuses... 
 
   Il y a 13 ans, Catherine Frot, alias Louise Mollet, ( "Les soeurs fâchées" ), se trouvait confrontée à une soeur, Martine Demouthy, alias Isabelle Huppert, et la juxtaposition des deux tempéraments ne s'opérait pas dans l'harmonie. Aujourd'hui, nous retrouvons la première, toujours dans un registre de femme effacée, sensible, renfermée, en affrontement avec une Catherine Deneuve dont la vie n'a été que liberté, glamour et faux-semblants. Et, comme il est facile de s'en douter, la rencontre des deux personnalités ne va pas se dérouler sur un tapis de roses sans épines. D'autant plus que la pseudo slave a quitté brusquement le père de Claire sans un mot d'explication.  
 
   La première bonne nouvelle, c'est que le réalisateur scénariste a choisi la délicatesse et la sensibilité pour construire le face à face de ces deux vedettes. La seconde bonne nouvelle, c'est que celles-ci endossent leurs personnages avec une modération et une humilité remarquables. On n'en attendait pas moins de Catherine Frot, mais l'évidence était moins indubitable en ce qui concerne Catherine Deneuve. La femme malade, solitaire, vieillissante, passablement désemparée, qu'elle incarne, se montre d'une justesse émouvante, tout en conservant quelques aspérités frivoles, souvenirs de ses années aventureuses ou mondaines. 
 
   La mauvaise nouvelle, c'est que tout cela est lent et que les deux heures paraissent très longues. A l'évidence, le film aurait sans doute gagné à ne pas dépasser 90 minutes. Bien sûr, cet étalement permet de rentrer dans l'authenticité de cette rencontre fondée sur de mauvaises bases. De ne pas accélérer artificiellement le revirement qui va s'opérer entre les deux tempéraments antagonistes. L'ennui, c'est que la matière constitutive se fait rare. Et cela d'autant plus que les personnages secondaires, entre un fils dont le seul intérêt est d'avoir engrossé sa petite amie, et un chauffeur routier, Paul (Olivier Gourmet), bon vivant sympathique mais limité, n'occupent qu'une très petite place dans ce qui est avant tout un face à face (assez prévisible) entre les deux stars. Quant au dénouement, il brille, si l'on peut dire, par sa discrétion... 
 
   Un hymne bienveillant à l'acceptation de tout ce que nous propose la vie, scandé par les accouchements réalistes encore que répétitifs. Une rencontre réussie entre les deux Catherine. Ainsi qu'une musique dont la discrète mais harmonieuse délicatesse mélodique est en parfaite adéquation avec la tonalité de l'œuvre. Ce n'est déjà pas une mince réussite.
   
Bernard Sellier