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Salon Kitty,
       1976, 
 
de : Tinto  Brass, 
 
  avec : Helmut Berger, Ingrid Thulin, Teresa Ann Savoy, John Steiner, Tina Aumont, Bekim Fehmiu,
 
Musique : Jose Padilla, Fiorenzo Carpi

 
   
1939. L'Allemagne nazie a entrepris de dominer l'Europe, voire le monde. Helmut Wallenberg (Helmut Berger), suivant en cela l'impulsion de son supérieur, décide de faire transporter le "Salon" de Kitty Kellerman (Ingrid Thulin), célèbre bordel fréquenté par des personnages influents, dans une demeure isolée. Les prostituées sont alors remplacées par des jeunes filles triées sur le volet pour leur absolue fidélité au National Socialisme. Une fois la sélection effectuée par Wallenberg lui-même, les nouvelles recrues sont "formées" afin de tout savoir faire pour envoûter les "clients", et, surtout, les faire accoucher d'éventuels secrets... 
 
   Célèbre pour son "Caligula", qui plus d'une fois flirtait avec un érotisme presque pornographique, Tinto Brass donnait naissance trois ans plus tôt à ce drame lui aussi fortement pimenté. Le sujet a le mérite d'aborder les dérives nazies par un biais rarement exploré. Mais, malgré son talent, son charisme hiératique, Helmut Berger a bien du mal à rendre cette fresque envoûtante. La principale raison réside sans doute dans le fait que le fondement historique n'est qu'un prétexte à l'étalage érotique qui inonde l'histoire. Qui la noie même, par moments, dans un déluge, certes visuellement agressif, mais de toute évidence artificiellement boursouflé. Il en résulte des longueurs (les numéros musicaux), un certain nombre de moments narrativement creux dans la partie médiane de l'oeuvre, et un dénouement accéléré dont l'intensité dramatique soudaine fait ressortir la langueur de multiples séquences antérieures. C'est d'autant plus dommage que le commencement du film s'annonçait comme particulièrement dynamique et pervers (l'orgie orchestrée, les monstrueux "tests" des recrues), et que plusieurs personnalités, (Margerita, dotée d'une certaine pureté morale, malgré son image de "maquerelle", Kitty, Wallenberg lui-même) étaient dessinées avec une acuité et une ambiguïté excitantes.
   
Bernard Sellier