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Sam, je suis Sam,
     (I am Sam),       2001,  
 
de : Jessie  Nelson, 
 
  avec : Sean Penn, Michelle Pfeiffer, Dakota Fanning, Dianne Wiest, Loretta Devine, Laura Dern,
 
Musique : John Powell

 
   
Sam Dawson (Sean Penn) est un brave garçon d'une trentaine d'années physiques, mais d'un âge mental de 7 ans. Son amie accouche d'une petite fille, Lucy (Dakota Fanning), mais s'empresse de les quitter. Sam se retrouve bien empêtré avec le bébé. Au bout de quelques années, l'enfant lui est retirée par jugement. Il décide d'engager un avocat. Mais ses maigres revenus ne lui permettent qu'un commis d'office. Il contacte alors la brillante et médiatique avocate Rita Harrison, qui l'éconduit hypocritement... Mais il revient à la charge... 
 
   Dès qu'un film prend sa source dans un sujet à haute intensité lacrymale, certains critiques voient rouge. Pourtant, quoi de plus nourrissant pour l'âme qu'une histoire dans laquelle les bons sentiments l'emportent sur la négativité ? Après tout, il faut savoir ce que l'on privilégie pour s'alimenter. A moins d'être maso ou stupide, on choisit, en général, pour le corps, des aliments de bonne qualité, pas franchement avariés. Lorsqu'il s'agit d'alimenter l'esprit, en revanche, on ne recule pas devant le n'importe quoi, voire carrément les ordures, du type "Massacre à la tronçonneuse" ou autres "Re-animator". Et là, personne ne s'en préoccupe, parce qu'on n'a pas encore intégré le fait que ce qu'on voit ou entend est une forme de nourriture pour la personnalité. Cela dit, nous passons en général tous par ce stade "crade" et j'ai eu aussi ma période "La colline a des yeux" ou "Nuit des zombies". 
 
   Mais, reconnaissons-le, le film "de larmes" est un genre particulièrement casse-gueule. Car, pour atteindre son but noble, c'est-à-dire éveiller chez le spectateur l'émotion qui permet à l'être intérieur de grandir, de s'embellir, il est indispensable que la trame narrative possède quelques qualités de base : la dignité, la pudeur et une savante maîtrise des émotions distillées. Sinon, le ridicule ou le rejet guettent impitoyablement !  
 
   Ici, malgré la présence de Sean Penn qui est, à mon sens, un des acteurs les plus expressifs de notre époque, dès le début on peut redouter le pire. Jessie Nelson nous délivre un montage parfaitement huilé, dont chaque ligne semble calculée, chaque mouvement de caméra, situation, effet d'optique, transition sont malicieusement prémédités, et tout cela flirte avec le mauvais goût d'un plat artificiel réchauffé au micro-ondes. Il suffit de voir défiler les trognes savamment choisies des amis de Sam, pour s'en convaincre tout à fait. On est bien loin de la spontanéité du "Huitième jour". L'actrice qui incarne Lucy possède un joli minois, mais ne me paraît guère crédible. Quant à Sean Penn, il faut vraiment beaucoup de bonne volonté pour croire à son personnage de gentil attardé. Le doublage français me semble encore renforcer l'aspect outré et artificiel dans lequel il baigne.  
 
   Lorsque entre en scène Michelle Pfeiffer, caricature de femme d'affaires stressée, c'est un euphémisme que de dire que ça ne s'arrange pas vraiment. Ses explosions speedées passent mal et plus d'une fois l'impression d'une farce s'impose. C'est attristant, surtout que d'importantes questions sont au centre de ce drame humain, la plus cruciale étant la place de l'amour dans l'éducation d'un enfant. Trop de moments racoleurs, scandés souvent par une musiquette d'accompagnement horripilante, viennent casser la fragile part d'authenticité et de sincérité qui tente parfois de germer. 
 
   Un film que l'on aimerait encenser pour le thème qu'il aborde. Mais, vraiment, la tâche est rendue bien difficile par la réalisatrice, qui est d'ailleurs l'une des deux scénaristes. Une belle occasion grandement gâchée !
   
Bernard Sellier