Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Saw,
      2004, 
 
de : James  Wan, 
 
  avec : Leigh Whannell, Cary Elwes, Ken Leung, Danny Glover, Dina Meyer, Mike Butters,  
 
Musique : Charlie Clouser, Burton C. Bell...

   
   
Deux hommes, Adam (Leigh Wannell), un photographe, et Lawrence Gordon, un spécialiste du cancer, se réveillent, enchaînés aux deux extrémités d'une pièce. Entre eux, le cadavre d'un troisième homme, qui, apparemment, s'est suicidé. Rapidement, ils trouvent dans leurs poches une cassette, les informant du jeu mortel qu'ils subissent : si, à dix-huit heures, le médecin n'a pas tué son compagnon, sa femme Alison (Monica Potter) et sa fille Diana (Makenzie Vega) mourront. Peu à peu, Adam et Lawrence finissent par se rendre compte qu'ils ne sont pas totalement des étrangers... 
 
    Un concept particulièrement diabolique, un huis-clos étouffant, une mécanique sadiquement huilée... Ce n'est pas de la dentelle de Bruges, mais l'efficacité est redoutable. Non content de concocter un jeu machiavélique, dans lequel est explorée la limite extrême que l'être humain est prêt à dépasser pour survivre, sorte d'illustration sans échappatoire du fait que "l'homme est un loup pour l'homme", l'histoire développe un arrière-plan labyrinthique, dans lequel se tissent de multiples liens invisibles, créés par les aspects sombres de l'âme-personnalité. A l'opposé de la gratuité primaire de nombreuses créations horrifiques, (genre les primates dégénérés de "Détour mortel", "La Colline a des yeux", ou autres "Massacre à la tronçonneuse"), le scénario installe un monstre , certes atteint de manière gravissime, mais jouant sa partition pathologique sur le registre de l'appréciation de la vie. L'unique survivante, Amanda (Shawnee Smith), droguée et méprisant intensément l'existence, sort de son cauchemar avec la conscience aiguë de la valeur d'un état qu'elle abhorrait. L'échiquier mortel devient une sorte de creuset où se déclenche une alchimie de la souffrance. L'équilibre entre angoisse présente, remontées dans la mémoire individuelle, historique du tueur, est tenu remarquablement. Dommage que quelques courtes séquences au rythme hystérique cassent l'atmosphère authentiquement glauque et sépulcrale du drame, en évoquant les montages clipesques des pubs ou jeux video. Un petit regret aussi pour le doublage des acteurs, assez peu convaincant, surtout dans les scènes du début. Mais, à la sortie, un diabolique parcours, tant physique que psychologique !
   
Bernard Sellier