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Scandale,
     (Bombshell),     2019, 
 
de : Jay  Roach, 
 
  avec : Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie, John Lithgow, Allison Janney, Malcolm McDowell, Rob Delaney,
 
Musique : Theodore Shapiro

   
   
La jeune Kayla (Margot Robbie) intègre la prestigieuse chaîne télévisée Fox News, propriété de Rupert Murdoch (Malcolm McDowell), et dirigée par son créateur, Roger Ailes (John Lithgow). L'une des présentatrices vedettes est la vindicative Megyn Kelly (Charlize Theron). Lors des débats pour la Présidentielle, elle attaque violemment le machisme de Donald Trump, mais se voit laminée par les réactions violentes du candidat et d'une grande partie de l'opinion publique. Peu après, l'une des autres vedettes de la chaîne, Gretchen Carlson (Nicole Kidman), attaque Ailes pour harcèlement sexuel alors qu'elle vient d'être licenciée... 
 
   Ce n'est certainement que le début d'une série d'oeuvres qui vont mettre en lumière les exactions des personnages de pouvoir. Le parcours professionnel de Ailes, décédé en 2017, avait déjà fait l'objet d'une mini-série, "The loudest voice", dans laquelle il était incarné par Russell Crowe, lui-même accusé d'avoir couvert les agressions sexuelles d'Harvey Weinstein ! Il est plus que sain de voir que les victimes se dévoilent et acceptent d'accuser publiquement ceux qui détiennent le pouvoir. En ce sens, un film comme celui-ci est indispensable. Il met en exergue les angoisses et les troubles psychologiques qui sont une double peine pour les femmes victimes de ces chantages : peur de l'éviction, culpabilisation, doute de soi, auto-accusation... 
 
   Après, il est toujours possible d'ergoter sur la manière dont le récit développe sa dénonciation. Le scénariste du brillant "The big short", Charles Randolph, est ici encore aux commandes. On retrouve son sens de la narration très éclaté et moderne. Cet émiettement de séquences ultra courtes procure certes une impression de vie intense. Il donne parfaitement la sensation d'être au coeur d'une chaîne de télévision, avec tout ce que cela sous-entend d'énergie brute, d'interpellations multiples, de personnages innombrables. Le revers de la médaille, c'est que la clarté n'est pas toujours au rendez-vous et que la densité de l'histoire se résume presque entièrement à ce fourmillement de ruche. Les personnalités des principales intervenantes sont assez peu fouillées. Elles ne semblent exister qu'en fonction de ce qu'elles dénoncent. Elles sont davantage des symboles que des êtres de chair, de sang et de coeur. Lorsque le générique de fin se déroule, c'est en fait une impression de brillant superficiel qui se dégage de l'ensemble. Ce qui est tout de même regrettable pour une œuvre dont le fondement est essentiel.
   
Bernard Sellier