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Se souvenir des belles choses,
      2002, 
 
de : Zabou  Breitman, 
 
  avec : Isabelle Carré, Bernard Campan, Bernard le Coq, Zabou Breitman,
 
Musique : Ferenc Javori


   
Lire le poème ( CinéRime ) correspondant : ' Adieu mémoire '

   
Philippe (Bernard Campan) est soigné dans une institution. Il tente de retrouver la mémoire suite au drame qu'il a vécu. Claire Poussin (Isabelle Carré) vient en consultation dans le même centre, car de menus troubles de mémoire la perturbent. Ils se rencontrent et s'aiment... 
 
  Je n'ai jamais été un grand amateur du cinéma français. Il y a dans notre expression artistique, qu'elle soit cinématographique ou musicale, une traduction de l'émotion intérieure qui s'accorde difficilement avec mon ressenti. 
 
   Il y a bien longtemps qu'un tel choc ne s'était pas présenté à mes yeux. Sur un scénario minimal, sur une trame menue, se tisse une merveille de pudeur, de délicatesse, de joies infimes, de sentiments profonds et de douleurs insoutenables. Le jeu d'Isabelle Carré, que je ne connaissais pas et celui de Bernard Campan, que l'on est surpris de découvrir dans un tel rôle, sont bouleversants de tendresse, de vérité et de désespoir. Le visage de la jeune fille, perdue dans le labyrinthe de la ville parce que son magnétophone s'est désynchronisé d'avec sa marche, est un moment inoubliable. La plus petite peur, la plus douce joie sont amenées avec une simplicité délicate et déchirante. La scène finale, qui allie le désespoir total avec une sobriété magistrale, ouvre un abîme sur l'horreur de l'oubli, sur la descente aux enfers de celui qui ne sait plus vivre parce qu'il a oublié ce qu'il est. 
 
   J'ai trouvé tout à fait remarquable que Zabou Breitman, interviewée dans l'un des derniers numéros des "Années Laser", place au plus haut le film de Sergio Leone : "Il était une fois en Amérique". Il me semble que cette œuvre est considérée avec une certaine commisération par beaucoup de critiques. Comme si l'on ne pouvait pas attendre de création véritablement majeure de la part d'un faiseur de westerns (spaghettis) ! 
 
   Pour ma part, "Il était une fois en Amérique" est l'un des films les plus beaux et les plus poignants que j'ai eu l'occasion de voir. Rarement l'usure du temps, la destruction d'une vie, la plongée dans la mémoire douloureuse, ont été orchestrés d'aussi magistrale manière !
   
Bernard Sellier