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Slumdog millionnaire,
      2008,  
 
de : Danny  Boyle, Loveleen  Tandan, 
 
  avec : Dev Patel, Freida Pinto, Sanchita Choudhary, Himanshu Tyagi, Ankur Vikal,
 
Musique : A.R. Rahman


   
Jamal Malik (Dev Patel), serveur de thé dans une entreprise, participe au jeu indien "Qui veut gagner des millions". Contre toute attente, ce grand adolescent timide, apparemment illettré, parvient à remporter la somme de 10 millions de roupies. En attendant la poursuite du jeu, le lendemain, pour un montant double, Jamal est interrogé par la police, persuadée qu'il s'agit d'un tricheur. 
 
   Très éclectique dans ses inspirations, Danny Boyle passe de la farce macabre réussie ( "Petits meurtres entre amis" ), au fantastique gore peu convaincant ( "28 Jours plus tard" ), pour revenir ici à un genre qui, manifestement, lui convient mieux, à savoir la comédie dramatique endiablée. Le scénario, construit sur un système répétitif ( une question - un flash-back - une réponse ), et fondé sur une accumulation de coïncidences assez "hénaurme", semblait a priori susceptible de desservir la réussite du film. Il n'en est finalement rien, tant la caméra survoltée du réalisateur transcende les limitations du script pour livrer une histoire gorgée de couleurs, de drames, de joies, d'espoirs, de violence, de passion, bref d'humanité. Comme dans les meilleures comédies de Frank Capra, qu'elle rappelle par nombre d'aspects, l'aventure du jeune Malik prend l'apparence d'un parcours terrestre guidé, de manière invisible, par des puissances célestes gardiennes du respect karmique de l'évolution humaine. Aussi, malgré la misère qui gangrène l'existence des enfants, malgré la violence qui les guette à chaque instant, malgré les dérives qui gagnent ponctuellement certains d'entre eux, subsiste toujours une étincelle d'amour capable de donner vie à l'impossible. Si la tristesse et le désespoir sont parfois présents, ils ne génèrent jamais l'apitoiement, illustrant par leur présence réelle mais fugace la conception orientale de la manifestation vue comme une "délusion" (dans le sens que lui donne Swami Vivekananda au début de son "Jnana Yoga", à savoir une réalité qui est perçue de manière erronée). 
 
   Un hymne troublant, émouvant, souvent enthousiasmant, à la persévérance, à l'amour et au pouvoir de transmutation qui dort dans chaque humain.
   
Bernard Sellier