Spy game, film de Tony Scott, commentaire, site Images et mots

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Spy game,
      2001, 
 
de : Tony  Scott, 
 
  avec : Brad Pitt, Robert Redford, Catherine McCormack, Stephen Dillane, Larry Bryggman, Marianne Jean-Baptiste,
 
Musique : Harry Gregson-Williams

   
   
Avril 1991. La prison de Su-Chou en Chine. Une épidémie de choléra menace. Un groupe de médecins, parmi lesquels se trouve Tom Bishop (Brad Pitt) arrive pour vacciner gardiens et prisonniers. En réalité, Tom est là pour tenter de libérer un prisonnier. Mais il échoue à la dernière seconde et se retrouve incarcéré. Accusé d'espionnage, il doit être exécuté le lendemain. Au siège de la CIA, Nathan D. Muir (Robert Redford) s'apprête à vivre son dernier jour de travail, lorsqu'il est informé de l'arrestation. Convoqué dans une réunion secrète, où siègent, en particulier, Charles Harker (Stephen Dillane) et Troy Folger (Larry Bryggmann), il lui est demandé de dévoiler tous les renseignements utiles concernant Tom, qu'il avait recruté et formé bien des années auparavant. Très rapidement, il s'aperçoit qu'en fait ses collègues et le gouvernement ont l'intention de trouver un moyen élégant de se désolidariser de Bishop, afin de sauver les négociations commerciales qui ont lieu avec la Chine, ainsi que d'ensevelir quelques actes d'espionnage qu'il serait gênant de voir mis au jour... 
 
   Tony Scott n'est pas réputé pour la finesse de ses approches, surtout dans ses réalisations anciennes ("Top gun", ou autres "Jours de tonnerre"). En revanche, force est de reconnaître qu'il n'a jamais manqué d'énergie. Ce film est une bonne surprise, bien qu'elle n'égale, à mon sens, ni celle de "Ennemi d'Etat", ni celle de "USS Alabama". Si l'on peut passer rapidement sur le couple Redford-Pitt, efficace et sympathique, mais qui aurait pu être remplacé sans dommage par n'importe quel tandem, l'histoire en elle-même retient l'attention par son approche éclatée, dans laquelle le fondement principal n'est finalement qu'un prétexte anecdotique. Construit en retours ponctuels sur les grands troubles mondiaux qui ont émaillé les vingt dernières années (Guerre froide, Vietnam, Liban...), le récit permet de suivre la relation ambigue du maître espion et de son élève, dont l'idéalisme, les sentiments et le côté rebelle ne sont pas vraiment des atouts pour devenir l'agent idéal de la CIA, pour lequel la fonte dans la masse, l'obéissance absolue et la discrétion sont les moteurs de la performance. En laissant de côté le spectaculaire et l'esbroufe, Tony Scott se concentre sur le personnage de Muir qui, sans doute aiguillonné par son départ imminent du théâtre des opérations, va, sans que la motivation psychologique en soit très claire, transgresser ses principes et les ordres pour tenter d'enrayer l'exécution programmée. Même si l'on a vu des centaines de fois ces couloirs interminables, ces services aux antagonismes intenses, qui cachent derrière leur banalité un pouvoir occulte qui permet de renverser les gouvernements ou de balayer les indésirables, on se prend tout de même facilement à ce jeu du chat et de la souris, dont la vie est le terrain d'exercice. C'est quelquefois un peu nébuleux, mais toujours vigoureux, rythmé sans un temps mort, et la crédibilité ne pose aucun problème ! Ce que l'on voit ici n'est que le milliardième de ce qui a jailli du monstre tentaculaire qu'est la CIA...
   
Bernard Sellier