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Strange days,
      1995, 
 
de : Kathryn  Bigelow, 
 
  avec : Ralph Fiennes, Angela Bassett, Tom Sizemore, Juliette Lewis, Vincent d'Onofrio, Michael Wincott, Josef Sommer,  
 
Musique : Graeme Revell, Peter Gabriel...


   
30 Décembre 1999. Une folie délirante semble s'être emparée de Los Angeles. Tandis que Lenny Nero (Ralph Fiennes), ancien de la Brigade des moeurs, s'enfonce toujours plus dans la boue en tentant de vendre de minis disques permettant à chacun, grâce à un casque spécial, de ressentir ce que d'autres ont vécu, une de ses amies, Iris (Brigitte Bako), blessée et affolée, vient lui demander de l'aide. Quelques heures plus tard, un inconnu lui fait parvenir un disque sur lequel il peut suivre la mort atroce de la jeune femme. Rejeté définitivement par son ancienne compagne, Faith Justin (Juliette Lewis), qu'il cherche à reconquérir, menacé de mort par le nouvel amant de la belle, Philo Gant (Michael Wincott), Lenny ne trouve finalement un peu d'aide qu'auprès de Lornette 'Mace' Mason (Angela Bassett), devenue chauffeur... 
 
   Difficile de sortir les idées claires de cette oeuvre, non pas que le scénario, à la trame classique, soit particulièrement complexe, mais simplement parce que le voile de démence qui s'étend en permanence sur la ville et les fantômes menaçants qui la hantent, s'étend sur la narration, pourtant simple, rendant l'atmosphère aussi opaque et perturbée que les cerveaux soumis à ce nouveau "jeu" d'ultra-réalité. C'est d'ailleurs une marque de réussite que d'avoir su imprimer de manière aussi profonde la marque d'un monde au bord du chaos. On se croirait aisément dans un univers de science-fiction situé en l'an 2300, alors que nous pataugeons tout simplement dans ce qui nous semble déjà, en 2005, un passé fort éloigné.  
 
   Si "Point Break", sorti quatre ans plus tôt, dénotait déjà une originalité certaine dans le traitement d'une histoire policière, que dire de cette oeuvre hyper-violente, baignée de noirceur extérieure et intérieure, de sang, de vacarme, qui se clôt dans une fureur apocalyptique ? C'est impressionnant, épuisant, haletant, éprouvant, noir de chez noir, mais riche d'une vraie personnalité qui s'exprime dans les extrêmes avec un talent et une énergie peu communs. 
 
   Au milieu de personnages déjantés (Juliette Lewis se déchaîne dans son rôle de chanteuse hystérique), émergent quelques êtres qui surnagent tant bien que mal dans ce foutoir glauque et deshumanisé. Lenny, merveilleusement servi par un Ralph Fiennes hagard, perpétuellement au bord du gouffre, conserve, comme par miracle, une infime parcelle de sensibilité humaine. Quant à Angela Bassett, visage figé par la colère et le désespoir, regard d'acier, son incarnation laisse un souvenir intense.  
 
   Les diverses composantes : drame de la déchéance, aberrations futuristes, thriller, s'amalgament avec un vérisme qui doit autant à la réalisatrice qu'aux acteurs, tant principaux que secondaires, particulièrement engagés dans cette fresque sauvage. Sans omettre le scénario, que l'on doit à James Cameron, qui n'est pas le premier venu... L'histoire, pas plus que son traitement, ne font dans la subtilité, c'est certain. Il n'en est pas moins évident que le déchaînement généralisé ne peut laisser indifférent !
   
Bernard Sellier