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Take shelter,
       2011, 
 
de : Jeff  Nichols, 
 
  avec : Michael Shannon, Jessica Chastain, Robert Longstreet, Natasha Randall, Tova Stewart, Katy Mixon,
 
Musique : David Wingo


   
Curtis (Michael Shannon), ouvrier foreur, vit avec sa femme Samantha (Jessica Chastain), et leur fille Hannah (Tova Stewart), sourde muette. Il souffre de plus en plus fréquemment d'insomnies et de cauchemars violents. Il entreprend de remettre à neuf l'abri souterrain anti tornades... 
 
   Auréolé d'une réputation plus que flatteuse grâce aux (bons ?) soins d'Internet, le film surprend d'abord par son minimalisme. Nous sommes ici aux antipodes de "Shining". Curtis est atteint, ou, tout au moins, semble atteint d'une affection psychologique héréditaire, sa mère souffrant depuis plusieurs décennies de schizophrénie paranoïde. Mais, loin de se voir, à l'instar de Jack Torrance (Jack Nicholson), métamorphosé par cette pathologie en un monstre assoiffé de sang, il prend au contraire l'apparence d'un ange protecteur dont la sauvegarde de la famille devient une obsession à temps complet, au point de lui faire perdre travail et amis. Sans jamais sombrer dans la démesure fantastique, le récit se concentre de plus en plus sur l'intimité familiale, tandis que les angoisses morbides des Américains, stylisées sous des formes à la fois vagues et réalistes (tornades, pollutions hypothétiques, agressivité humaine incontrôlable...), oscillent entre vérisme et chimère, jusqu'à un dénouement profondément troublant. Quant à Michael Shannon, visage torturé, regard halluciné, mais toujours intensément sobre, intégralement habité par sa douleur, sa hantise et son amour pour sa famille, il est tout simplement inoubliable. Dommage que le film soit un peu long...
   
Bernard Sellier