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Tosca,
      2001, 
 
de : Benoît  Jacquot, 
 
  avec : Angela Gheorghiu, Roberto Alagna, Ruggero Raimondi, Gwynne Howell,
 
Musique : Giacomo Puccini

   
   
Il y a des moments où la pondération et le calme sont balayés par un tourbillon intérieur qui hurle sa colère égoïste et primale...Lorsque je suis sorti de la vision de ce film, j'avais bien de la difficulté à contenir le flot de rejet qui bouillonnait ! 
 
  "Tosca" est un chef d'œuvre de concision et de dramatisme. Mais il faut reconnaître que les cadres des trois actes ne sont pas particulièrement attrayants ou dépaysants (contrairement à "Madame Butterfly", par exemple, dont l'exotisme est attirant). Alors un grave problème se pose ! Comment être original en filmant des scènes intimistes ? (Il sembleraît que si l'on n'est pas novateur à l'orée du troisième millénaire, on est un ringard décadent !)... Et en filmant, a fortiori, un opéra archi connu, qui l’a déjà été, par exemple, en respectant le temps et les lieux (avec Placido Domingo et Zubin Mehta). Car il faut, bien évidemment montrer sa « patte » de réalisateur. 
 
  Choisir un couple vedette beau physiquement et vocalement ( même si je préfère la subtilité vocale d'un Jonas Kaufmann... ). C’est le cas ici. Sans contestation possible. Mais, on s'en doute, cela ne suffit pas ! Aujourd'hui, il ne saurait être question de transcrire sur une pellicule simplement de belles images et des sons sublimes (même si c’est en dts !). 
 
   Quelques recettes simples s’imposent alors : 
 
   Tout d’abord, vous insérez dans le cours de l’opéra, au petit bonheur, quelques photos grisâtres et le plus laides possibles, dont l’intérêt échappe totalement au spectateur lambda. 
 
   Ensuite, à l’instant du duo d’amour, sublime de simplicité, vous commencez celui-ci en recouvrant le chant des deux amants par un texte parlé qui possède l’immense mérite de recouvrir les voix et réussit effectivement sa mission : casser totalement la beauté pure de la scène. 
 
   Enfin vient le couronnement suprême, car il en faut nécessairement un. Vous attendez la scène finale, abrupte et sauvage, lorsque Tosca, folle de douleur en apprenant la mort de son amant, hurle son désespoir et se jette du haut du Château Saint-Ange. Lorsque la dernière note de l’orchestre s’évanouit, vous demeurez en apesanteur, comme hypnotisé par la violence du son et de l’acte. Et votre âme éprouve un besoin de paix, de silence pour atténuer peu à peu cette blessure, pour se détacher de cette souffrance à laquelle vous vous êtes peut-être identifiés. 
 
   Alors, voilà le moment idéal pour effectuer un saut d’image instantané sur la cantatrice qui hurle un « whaouh » dans son micro ! Comme c’est original, intelligent, profondément inattendu ! Bien sûr, si vous aviez le réalisateur sous la main, il vous viendrait peut-être des envies de violence... Mais quelle satisfaction, pour le spectateur, d’avoir eu la chance d’assister à un montage inattendu, à un massacre artistiquement réfléchi ! 
 
   Pour terminer par quelques pointes d'humour, excellente thérapeutique pour apaiser les élans parfois dévastateurs de notre ego, il serait possible de suggérer à Benoît Jacquot quelques « trouvailles » pour les éventuels opéras futurs qu’il pourrait avoir l’intention de revisiter : 
 
   Quelques morceaux de rap introduits aux moments clés de « la Flûte enchantée » 
 
   Un doublage réaliste effectué par Rocco Siffredi dans « Carmen » ou « Don Giovanni ». 
 
   Quelques scènes « gore » insérées subtilement dans « le Vaisseau fantôme ». 
 
   Etc…
   
Bernard Sellier