Cio Cio San (Ying Huang) est une jeune Japonaise. Elle est proposée en mariage à un officier américain, Pinkerton (Richard Troxell). Pour elle, c’est l’amour immédiat et inconditionnel. Pour lui, il s’agit davantage d’un jeu. L’union est célébrée, non sans que l’un des parents de la jeune fille, un bonze, ne la maudisse pour avoir renié sa tradition et ses ancêtres en épousant un occidental. Pinkerton repart bientôt. Cio Cio San l’attend avec anxiété, d’autant plus qu’elle est enceinte ! Mais ce que son conjoint a omis de lui dire, c’est qu’il est déjà marié aux Etats-Unis…
Frédéric Mitterrand aime l’opéra et, surtout, ce qui me semble le plus important, respecte l’oeuvre qu’il filme. Assurément, il ne faut pas rechercher ici l’originalité pour elle-même. Le drame de Puccini est transcrit visuellement avec une grande sensibilité et un souci réel d’authenticité. Mais sans les trouvailles plus que contestables qui défiguraient, à mon sens, la « Tosca » de Benoît Jacquot.
Ce ne sont pas des vedettes de premier plan qui ont été retenues. Seulement des chanteurs totalement crédibles qui s’investissent avec passion dans cette poignante tragédie. Ying Huang ne fait peut-être pas oublier la grande incarnation vocale de Mirella Freni, mais son engagement physique et psychologique constituent une large compensation.
Les personnages de Puccini sont le plus souvent des êtres de condition modeste. Manon Lescaut, Mimi de « La Bohème », Cio Cio San, sont des gens simples qui se trouvent projetés dans des situations exceptionnelles. Et si certaines portions de ses opéras déroutent parfois le novice par l’abondance des dialogues et l’absence de mélodies aisément mémorisables, « Madame Butterfly » comporte, outre bien sûr le célébrissime « Un bel di di vedremo » (« Sur la mer calmée » en français), l’une des plus sublimes scènes d’amour que l’art lyrique nous ait livrées.