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Le tour du monde en 80 jours,
     (Around the world in 80 days),     2004, 
 
de : Frank  Coraci, 
 
  avec : Jackie Chan, Steve Coogan, Jim Broadbent, Roger Hammond,
 
Musique :  Trevor Jones


   
Fin du 19ème siècle à Londres. Un vol vient d'être commis à la Banque d'Angleterre. En fait, ce n'est pas l'or qui a été dérobé, mais un Bouddha de jade et le coupable n'est autre qu'un modeste Chinois, Lau Xing (Jackie Chan). Poursuivi par la police, il n'a d'autre choix que de se faire passer pour le domestique d'un inventeur farfelu, Phileas Fogg (Steve Coogan). Ridiculisé par le ministre des sciences, Lord Kelvin (Jim Broadbent), Fogg accepte le défi que lui lance son ennemi : effectuer le tour du monde en moins de 80 jours. S'il réussit, Kelvin accepte de céder sa place au gagnant. Mais, il va de soi que telle n'est pas son intention. Il lance sur les traces du jeune homme et de son valet, devenu "Passepartout", l'inspecteur Fix (Ewen Bremner), avec mission de faire échouer la tentative coûte que coûte... 
 
   À la suite de quelques expériences pour le moins déroutantes, il est possible de craindre le pire lorsque Hollywood et ses réalisateurs "passe-partout" se lancent dans l'adaptation d'ouvrages français. L'aventure y trouve quelquefois un certain flamboiement, mais le consternant est souvent au bout de la pellicule (par exemple la pitoyable "Vengeance de Monte-Cristo" de Kevin Reynolds). A priori, Jules Verne, grand créateur d'illusions et inventeur de génie, pouvait se prêter à une adaptation plus ou moins fidèle, sans que l'on crie au crime de lèse-majesté. Malheureusement, comme dans beaucoup d'autres cas, le rendu est bien pâle en comparaison de l'original ! Oh, certes, il y a du mouvement, du bruit, des nouveautés, auxquelles l'auteur n'avait pas pensé, la principale étant l'introduction d'un valet adepte du kung-fu, et membre de la confrérie guerrière des "dix tigres". Personnellement, j'ai toujours trouvé insupportables Jackie Chan et ses prestations, certes acrobatiques, mais trop proches de la pitrerie pour emporter l'enthousiasme et l'intérêt. Paradoxalement, bien que Fogg soit assez judicieusement choisi, l'ensemble scénaristique est d'un niveau si lamentable, qu'il apparaît ici quasiment comme le "maillon fort", du fait que son histoire de Bouddha séculaire et le sérieux de sa mission procurent au personnage une humanité vivante qui contrebalance efficacement l'aspect superficiel de ses performances voltigeuses. Si l'on excepte quelques moments aussi kitsch qu'hilarants, dont le sommet est sans conteste l'apparition d'Arnold Schwarzenegger en Prince Hapi qui s'est fait statufier par Rodin en personne, le reste se résume à des séquences de combats volants que l'on a vus cent fois filmés plus artistiquement, et à des pointes humoristiques dignes d'un almanach Vermot du pauvre. Le sens de l'épique, le suspense, les péripéties tragiques du voyage, le parfum de l'aventure impossible qui imbibent le roman, ont ici complètement disparu, ne laissant place qu'à une succession de séquences agitées, tape à l'oeil, d'une superficialité et d'une pauvreté dramatique intenses.  
 
   Un exemple parfait du n'importe quoi destiné à une consommation immédiate, éphémère et oubliable dans l'heure qui suit.
   
Bernard Sellier