Tout l'argent du monde, film de Ridley Scott, commentaire

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Tout l'argent du monde,
     (All the money in the world),    2017, 
 
de : Ridley  Scott, 
 
  avec : Christopher Plummer, Michelle Williams, Mark Wahlberg, Romain Duris, Timothy Hutton, Charlie Plummer,
 
Musique : Daniel Pemberton

 
 
Juillet 1973. Paul Getty III (Charlie Plummer), petit-fils de Paul Getty (Christopher Plummer), l'homme le plus riche du monde, est kidnappé par des Calabrais qui réclament une rançon de 17 millions de dollars. Mais le milliardaire refuse obstinément de verser le moindre centime, malgré les supplications de sa belle fille, Abigail (Michelle Williams)... 
 
 Le film s'est tout d'abord fait connaître par un événement pour le moins exceptionnel, à savoir le remplacement, alors que le tournage était presque terminé, d'un Kevin Spacey, accusé d'agressions sexuelles, par Christopher Plummer. A l'évidence, le spectateur n'a pas perdu au change, car le héros de 'La mélodie du bonheur' se révèle ici convaincant au plus haut degré. 
 
 Il s'agit bien sûr d'une histoire tirée de faits réels, ce qui rend le drame encore plus édifiant. Car, si le commencement du récit nous rappelle 'La rançon' de Ron Howard, le développement va ici beaucoup plus loin que le simple thriller, en consacrant une importante partie au portrait d'un homme aussi puissant que psychologiquement monstrueux. Autant l'avouer tout de suite, l'aspect thriller n'est pas la composante la plus passionnante de l'oeuvre, même si la scène de l'oreille ne manque pas d'émotion, car l'artificiel pointe trop souvent le bout de son nez. 
 
 L'intérêt majeur du film réside dans la personnalité hors normes du milliardaire et dans le pouvoir machiavélique qu'il impose aux membres de sa famille. Paul Getty est l'archétype, presque caricatural, de ce que peut être le capitaliste dans son essence la plus odieuse. Si Brigitte Bardot ne cache pas qu'elle préfère la compagnie des animaux à celle des humains, Getty avouait sans ambages qu'il aimait les objets précieux infiniment plus que les humains. S'affirmant réincarnation de l'empereur Hadrien, il était prêt à dépenser des dizaines de millions pour se construire une villa en Californie, mais calculait au dollar près les intérêts qui seraient déductibles des impôts s'il prêtait à son fils. Cette froideur quasiment digne d'un robot est remarquablement incarnée par un Christopher Plummer hiératique. A côté de ce personnage majestueux et détestable, se dresse la mère de l'adolescent. Et il faut avouer qu'elle laisse perplexe. Sur le papier, elle est une mère courage, qui, jamais, n'abandonne l'espoir de revoir son enfant. C'est l'interprètation de Michelle Williams qui semble poser problème. Ses expressions et son jeu semblent peu en adéquation avec ce qu'elle est censée incarner. Mais il ne s'agit là que d'un ressenti très subjectif. Mark Wahlberg, lui, se montre tout à fait convaincant en subordonné rebelle.
   
Bernard Sellier