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Trade, les trafiquants de l'ombre,
       (Trade),    2007, 
 
de : Marco  Kreuzpaintner, 
 
  avec : Kevin Kline, Cesar Ramos, Alicja Bachleda-Curus, Paulina Gaitan, Marco Pérez, Linda Emond,
 
Musique : Leonardo Heiblum, Jacobo Lieberman

 
   
Jorge (Cesar Ramos) est un jeune adolescent Mexicain qui vit de petites combines avec ses amis. Par exemple détrousser un touriste américain en le menaçant avec des pistolets à eau. Mais le jour où sa petite soeur Adriana (Paulina Gaitan) est enlevée par les mafieux russes afin d'être vendue comme esclave sexuelle, sa vie bascule. Il trouve la trace des ravisseurs, la perd, et rencontre un homme étrange, Ray Sheridan (Kevin Kline), qui semble lui aussi s'intéresser aux truands.  
 
   Le sujet est exactement le même que celui de "Human Trafficking", mais la manière dont les deux films abordent le sujet est différente. Tandis que l'œuvre de Christian Duguay, beaucoup plus développée, tente de montrer l'universalité du drame (et réussit, d'ailleurs fort bien), en suivant le parcours de trois jeunes filles issues de pays et de milieux totalement différents, expédiés comme du bétail à travers les continents, ce récit se concentre sur une tragédie individuelle vécue par deux jeunes Mexicains issus de milieux très pauvres. Ici, pas de multinationale dirigée comme une entreprise ordinaire, pas de personnages hauts en couleur, pas d'enquêtes policières élaborées, mais un suivi presque au jour le jour de deux pistes presque parallèles : celle de la petite Adriana, fragile brebis convoyée par un demi abruti, Manuelo (Marco Pérez), vers un avenir en forme d'abattoir ; et celle de Ray, lui aussi déboussolé, en quête d'on ne sait pas trop quelle repentance ou réhabilitation. Pour être moins immédiatement magnétique que le film de Christian Duguay, celui-ci cherche à atteindre l'émotionnel profond par des procédés simples, austères, privés de tout spectaculaire, aussi arides que le pays traversé par les protagonistes. Le résultat est glaçant, poignant et remarquablement efficace. Kevin Kline se montre d'une sobriété exceptionnelle. Une mention spéciale également au jeune Cesar Ramos, criant de vérité.
   
Bernard Sellier