Oscar Brach est l'auteur de "Dédalus", une oeuvre au succès retentissant. Le dernier tome de la trilogie est sur le point de paraître aux éditions Eric Angstrom (Lambert Wilson). Celui-ci a réuni neuf traducteurs d'origines diverses qui, enfermés dans un bunker hyper sécurisé, livreront au bout de deux mois les traductions de l'oeuvre. Mais, au bout de quelques jours, les dix premières pages sont publiées sur Internet et une demande de rançon est faite à Angstrom pour que le reste du livre ne soit pas divulgué... Il est indéniable que le sujet ne manque pas d'allure et de piment. Nous sommes dans un polar d'Agatha Christie avec pour thématique fondamentale le mariage contre nature du talent artistique créateur et du mercantilisme éditorial. Il y a de quoi mettre l'eau à la bouche. Pourtant, lorsque le générique de fin se déroule, l'enthousiasme du départ se voit nettement tempéré. La résolution de l'énigme principale n'est pas sans évoquer celle du "Mystère Henri Pick". Mais là où le film de Rémi Bezançon optait pour une comédie ludique et bon enfant, celui de Régis Roinsard s'engouffre avec une frénésie de plus en plus hystérique dans le thriller pur. C'est d'ailleurs dans cette descente vers le spectaculaire débridé que réside une grande partie des réserves que l'on peut émettre sur l'oeuvre. A coups de flashbacks simplistes, d'exaltations à la limite du recevable et des débordements forcenés d'Eric Angstrom, l'histoire est à la limite de sombrer dans le grotesque. Elle n'est pas aidée non plus par des dialogues assez prosaïques ainsi que par une tentative maladroite et vaine de mises en parallèles littéraires de la trame de la trilogie d'une part, avec les motivations psychologiques des traducteurs d'autre part. Etant donné que le spectateur ne connaît que des bribes de "Dédalus" citées de-ci de-là par les protagonistes, il est bien en peine d'associer celles-ci avec les neuf personnages croqués de manière très superficielle. Très appétissant sur le papier, avec son casting international et son mystère insolite (inspiré d'une histoire vraie selon Télérama), le film se révèle assez captivant si l'on se contente d'apprécier son mécanisme criminel. Mais dans sa globalité, Il laisse un goût d'artificialité et de tape-à-l'oeil assez amer. Certaines scènes affichent d'ailleurs un décalage étonnant entre l'image qui se veut dramatique et la musique qui la soutient, celle-ci se montrant décontractée voire guillerette...