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Troie,
      (Troy),      2004, 
 
de : Wolfgang  Petersen, 
 
  avec : Brad Pitt, Eric Bana, Orlando Bloom, Peter O'Toole, Brendan Gleeson, Diane Kruger, Brian Cox, Sean Bean,  
 
Musique : James Horner, Gabriel Yared

  
   
1200 ans avant Jésus-Christ. Le roi de Mycènes, Agamemnon (Brian Cox), a réalisé d'immenses conquêtes. Même la Thessalie, qui lui échappait jusqu'alors, se soumet, après le duel des deux meilleurs guerriers de chaque camp, Achille (Brad Pitt) l'invincible contre le géant Boagrius (Nathan Jones). Menelas (Brendan Gleeson), roi de Sparte et frère d'Agamemnon, est las de combattre. Il offre la paix à Troie et reçoit les deux fils du Roi Priam (Peter O'Toole), Hector (Eric Bana) et Pâris (Orlando Bloom). Mais Cupidon frappe et Pâris devient fou amoureux de l'épouse du roi, Hélène (Diane Kruger). La jeune femme décide de partir avec son amant à Troie. Fou de rage, Menelas lève une armée pour assiéger la ville. Il reçoit l'aide d'Agamemnon, ravi d'avoir l'occasion de conquérir ce royaume qui lui a toujours résisté. Un millier de navires abordent le rivage et mettent le siège devant les murailles... 
 
   Est-ce l'effet "Gladiator" ? Toujours est-il que le peplum, dieu des années soixante, qui avait quasiment disparu des écrans, retrouve une nouvelle jeunesse grâce aux effets numériques. Les dizaines de milliers de figurants de "Cléopâtre" ont laissé place aux logiciels informatiques... Est-ce un bien ? Si l'on se place en tant que spectateur d'une fresque épique, seul compte le résultat. Il est ici plus que convaincant. Passons d'abord sur les aspects les moins enthousiasmants de l'entreprise. A savoir le classicisme de la narration et de la réalisation. Les esprits chagrins pourraient même dire l'impersonnalité de celles-ci. Il est évident que la conduite du récit est linéaire, sans éclats, sans surprises, sans invention, faisant alterner dans une logique primaire les scènes de combat et les scènes intimistes. Les batailles, que certains critiques ont jugées très mollement filmées, sont surtout brouillonnes et peu lisibles visuellement. Cela dit, elles ne constituent pas l'essence de l'histoire, heureusement. 
 
   Si l'on regarde les aspects positifs de l'oeuvre, ils concernent fondamentalement les personnages et, sur ce plan, la réussite est incontestable. Passons tout d'abord sur la "vedette" du film : l'Achille de Brad Pitt. Loin d'être phagocyté par le charme lisse de l'acteur, il offre une intensité fort intéressante et le dualisme homme-dieu est rendu de manière assez pertinente. Il est à la fois l'orgueil, la colère aveugle, la sauvagerie du guerrier antique, pourtant il est simultanément capable de discerner la noblesse divine d'un adversaire (cf. la belle scène avec Priam). Mais il est très loin d'occuper l'espace et la narration à lui seul. Le réalisateur est parvenu a donner une personnalité simple, riche, peut-être éloignée de la vérité historique, mais qui pourrait le certifier !, à d'innombrables protagonistes aussi bien primordiaux que secondaires : Eudore (Vincent Regan), second d'Achille, Patrocle (Garrett Hedlund), le cousin bien-aimé dont la mort sera le catalyseur de la ruine troyenne, Agamemnon, roi cruel et médiocre, Ulysse (Sean Bean), Priam (extraordinaire Peter O'Toole !), Pâris, fragile et tendre, Briseis (Rose Byrne), écartelée entre sa nature Troyenne et son amour pour Achille, et surtout Hector, qui, avec une sobriété remarquable, campe un être d'une noblesse exceptionnelle. De sorte que l'on oublie vite l'absence d'originalité de la trame, pour s'identifier à tous ces humains écrasés par un destin qu'ils croient inéluctable. Quant aux "Dieux", ils sont, bien plus que les hommes, les personnages majeurs de cette tragédie programmée, tant leur ombre plane sur les âmes et les actes.  
 
   Globalement très équilibré, le film offre quelques scènes mémorables, tant dans l'action pure (le débarquement des milliers de bateaux, l'attaque aux boules de feu, le duel Hector-Achille) que dans la sensibilité intimiste (les adieux d'Achille à sa mère, de nombreuses séquences dans le palais de Priam, les Troyens ayant été manifestement favorisés par le traitement narratif). Au final, une oeuvre tout à fait intéressante, qui, par le simplisme de sa conduite, rend avec bonheur le côté primitif de la mythologie.  
 
  P.S. A noter pour ceux que passionne la mythologie, un livre original et captivant de Robert Emmanuel : LA MYTHOLOGIE DE LA GRECE ANTIQUE - VUE ET EXPLIQUEE PAR SES ECOLES A MYSTERES. On y trouve une interprétation initiatique de tous les grands mythes et légendes. A découvrir impérativement...
   
Bernard Sellier