Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Le tueur de l'ombre,
     saison 1,  (Den som dræber - Fanget af mørket),     2019, 
 
de : Carsten  Myllerup, 
 
  avec : Kenneth M. Christensen, Natalie Madueño, Signe Egholm Olsen, Mads Riisom, Tessa Hoder,
 
Musique : Jeppe Kaas


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

   
La jeune Julie Vinding (Alvilda Lyneborg Lassen) a disparu depuis six mois. La police danoise n'a pas de piste. L'inspecteur Jan Michelsen (Kenneth M. Christensen) s'aperçoit un jour que dix ans auparavant, une autre jeune fille, Natasha, avait disparu dans des conditions semblables. Son corps est retrouvé dans un petit lac. La profileuse Louise Bergstein (Natalie Madueño) accepte d'aider les policiers bien qu'elle ait changé d'orientation professionnelle... 

      Pas de doute, dès l'ouverture nous sommes dans un polar nordique avec sa froidure, ses atmosphères sombres et ses personnages qui ne sont pas expansifs. Et au fur et à mesure que se développe le drame, le terme "sombre" apparaît bien dérisoire devant la monstruosité des faits. Il est intéressant de noter que la vision de cette série juste après "Disparue" permet de montrer des plongées dans la criminalité effectuées de deux façons radicalement différentes. Dans l'oeuvre de Charlotte Brändström, nous sommes dans un terrain connu, avec son quartier lyonnais sympathique, ses personnages ordinaires que l'on pourrait côtoyer chaque jour, qui sont plongés, de manière exceptionnelle dans des situations dramatiques et le dénouement de l'intrigue ne se fera qu'à la toute dernière minute. Dans cette série nordique, c'est l'opposé. Les décors sont anonymes, les images sont brutes de décoffrage, le monde des tueurs en série n'est pas vraiment celui qu'on côtoie régulièrement, et dès le début nous connaissons le criminel puisque le spectateur va suivre de manière parallèle son parcours démoniaque et les investigations policières.

    Si l'on s'en tient à des a priori, il peut être facile d'estimer que cette connaissance immédiate de la vérité peut se révéler un handicap. Ce serait une grave erreur. Car si à l'origine les personnalités de ce drame nordique semblent de froides figures, elles s'épaississent au fur et à mesure que les évènements se précipitent, et une part notable de l'attraction naît de la personnalité des criminels. Devant nous se dessine une fusion monstrueuse entre les deux composantes de ce tandem macabre, dont chaque membre est tour à tour dominant et dominé, qui évoque évidemment celui de Michel Fourniret et Monique Olivier. Le développement du trouble mental de Stine Velin (Signe Egholm Olsen) nous rappelle le traumatisme vécu par Andréa Bescond ("Les chatouilles"), avec, bien sûr, des gestions de la souffrance radiclement différentes. Du côté des enquêteurs, l'intensité psychologique est forcément plus faible. Jan est un classique déprimé qui subit une séparation douloureuse, et Louise, la psychologue profileuse, ne se démarque pas particulièrement des collègues vues dans d'autres créations.

    Au terme de cette éprouvante et bouleversante descente dans l'horreur qui appelle manifestement une seconde saison, force est de constater que la gestion minimaliste de la dramaturgie est d'une redoutable efficacité émotionnelle.
   
Bernard Sellier