Unbelievable, série de Susannah Grant, commentaire

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Unbelievable,
        Série,        2019, 
 
de : Susannah  Grant..., 
 
  avec : Kaitlyn Dever, Toni Collette, Blake Ellis, Eric Lange, Dale Dickey, Scott Lawrence,
 
Musique : Will Bates


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 La petite ville de Lynnwood. Une jeune fille, Marie Adler (Kaitlyn Dever), hébergée dans un centre pour adolescents, est victime d'un viol nocturne. Sa déposition est prise par l'inspecteur Parker (Eric Lange). Elle subit des examens à l'hôpital. Mais bientôt les enquêteurs commencent à douter de la véracité de son récit...

 Le premier épisode est entièrement consacré à la déposition de Marie. Ou plutôt à une suite de dépositions qui, peu à peu, prennent une allure troublante. L'ambiguïté se développe au fur et à mesure que d'autres victimes apparaissent, celles-ci se montrant souvent étonnamment fortes après leur agression, ce qui déroute le spectateur qui ne voit pas très bien où le récit veut en venir. S'agit-il s'hallucinations ? De suggestions parapsychiques ?

 En fait, si la suite de la narration prend un tour plus classique, avec le développement d'enquêtes parallèles qui progressivement s'unifient, il n'en demeure pas moins que cette histoire, apparemment fondée sur des faits réels, possède une véritable personnalité. La responsabilité en incombe au mystère et à la complexité d'une chasse à l'homme qui évoque celle de "Zodiac", mais surtout à la qualité de l'écriture et à la personnalité des intervenants. Ceux-ci sont dessinés avec une sobriété souveraine qui n'exclut jamais l'humanité, même si les dehors sont parfois plus que râpeux (la revêche Grace Rasmussen (Toni Collette), par exemple). Le duo que forment Grace et Karen Duvall (Merritt Wever) est tout aussi efficace dans son action que crédible, spontané et riche dans sa représentation. Au milieu de la saison un petit creux se présente car l'enquête n'avance plus que très lentement. Mais c'est l'occasion pour le récit de développer les personnalités des deux inspectrices et de souligner les difficultés juridiques qui entravent souvent les investigations. Les perturbations psychologiques qui envahissent la jeune Marie, laquelle tient le rôle de fil rouge reliant toutes les parcelles de cette enquête tentaculaire, sont exposés avec une justesse et une pudeur remarquables. Quant aux deux derniers épisodes, ils sont d'une tenue dramatique et d'une dignité bouleversantes.

 Une nouvelle réussite de premier ordre dans les créations Netflix, qui prouve de manière évidente qu'il est toujours possible de captiver, d'instruire (on prend conscience à quel point il est difficile à une victime de viol de livrer une déposition à des fonctionnaires impersonnels, qui plus est non formés), et d'émouvoir avec un sujet mille fois rebattu, si la qualité de l'écriture et le choix des interprètes sont optimaux.

   
Bernard Sellier