Zodiac, film de David Fincher, commentaire, site Images et Mots

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

Zodiac,
     2007, 
 
de : David  Fincher, 
 
  avec : Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Robert Downey Jr., Elias Koteas, Anthony Edwards, Brian Cox, Dermot Mulroney, Chloé Sevigny, John Getz, John Carroll Lynch, Philip Baker Hall,
 
Musique : David Shire

  
 
Juillet 1969 dans la petite ville de Vallejo, en Californie. La jeune Darlene Ferrin (Ciara Hughes) et son ami sont les premières victimes d'un tueur en série qui se fera appeler "Zodiac". Un peu plus tard, près du lac Napa, c'est un autre couple qui est la cible. Seul Mike Mageau (Jimmy Simpson) en réchappe. A San Francisco, c'est le tour d'un chauffeur de taxi... David Toschi (Mark Ruffalo), inspecteur de police, tente de synthétiser les éléments épars qui conduiront peut-être vers l'assassin. Mais la tâche est rude, car celui-ci connaît l'art de manipuler ses pisteurs. Au sein du journal "San Francisco Chronicle", qui reçoit régulièrement des messages de «Zodiac», un journaliste, Paul Avery (Robert Downey Jr.) et surtout un jeune dessinateur, Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal) se passionnent pour la découverte du coupable... 
 
 Après «Panic Room», «Fight Club», «The Game», «Seven», toutes oeuvres profondément originales dans le sujet comme dans la mise en scène, il est impossible de ne pas être surpris par le classicisme tranquille de ce récit authentique. Une reconstitution minutieuse des seventies au cours desquelles se déroule la majeure partie de l'enquête, mais une absence totale de ces vertiges et orages narratifs auxquels le réalisateur nous a accoutumés. Cela dit, on comprend, a posteriori, qu'il ait pu être passionné, à l'image de l'auteur du livre dont il s'est inspiré (Robert Graysmith), par cette interminable quête d'un assassin protéiforme qui, durant plus de deux décennies a défié la logique des enquêteurs californiens. Malgré la mauvaise volonté des différents corps de police concernés par l'affaire, malgré les contradictions des experts graphologues, un homme quasiment seul, qui plus est étranger au monde juridique et policier, s'est investi corps et biens, au risque de détruire sa vie familiale, dans la quête de cette ombre aussi insaisissable que mortifère. C'est autour de cet infatigable pisteur, entouré heureusement de personnalités remarquables (Mark Ruffalo, intense, Robert Downey Jr., écervelé, fantaisiste, imbibé d'alcool du matin au soir), que tourne sans cesse cette histoire dont on connaît d'avance la non clôture, mais qui se révèle pourtant, mlalgré sa longueur, envoûtante de bout en bout. L'excitation est radicalement différente de celle que l'on expérimente dans les autres oeuvres majeures du réalisateur, mais elle est d'une qualité parfaitement maîtrisée. La sobriété, la modestie remplacent la manipulation et le sensationnel, et si l'on perd quelque peu en geysers d'adrénaline, on gagne en intelligence et en retenue.
   
Bernard Sellier