The undoing, saison 1, série de David E. Kelley, commentaire

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The undoing,
        Saison 1,       2020,  
 
de : David E.  Kelley..., 
 
  avec : Nicole Kidman, Hugh Grant, Edgar Ramirez, Noah Jupe, Michael Devine, Donald Sutherland,
 
Musique : Evgueni et Sacha Galperine, A. Vivaldi, J.S. Bach


 
Ne pas lire avant d'avoir vu la série 
 
 Jonathan Fraser (Hugh Grant) est pédiatre oncologue. Sa femme, Grace (Nicole Kidman) est psychanalyste. Leur fils, Henry (Noah Jupe), est inscrit dans une école réputée. Une jeune femme, Elena Alves (Matilda de Angelis) intègre le comité d'organisation du gala de charité de l'établissement dirigé par Sylvia Steineitz (Lily Rabe), mais elle ne se sent pas à l'aise. Un jour, elle est retrouvée assassinée par son fils, Miguel (Edan Alexander)...

 Une petite communauté de personnalités riches dans laquelle les apparences masquent des réalités peu glorieuses. Nous avons vu cela récemment dans la série «Big little lies». Mais l'analogie s'arrête là, car le scénario emprunte ici un chemin différent. Il se concentre sur une sphère familiale, analysant et scrutant le processus de décomposition que génère un meurtre sordide. L'histoire pourrait avoir vu le jour sous la plume d'Harlan Coben ou de Joël Dicker. De manière très classique, l'intérêt que peut porter le spectateur au drame est simple : qui a tué la charmeuse Elena et Jonathan va-t-il être condamné ? Le long processus judiciaire est analysé et observé avec une subtilité exemplaire, depuis la préparation des différents éléments développés par l'accusation et la défense, jusqu'à une issue qui peut sans peine être qualifiée d'inattendue, en passant par les souffrances des deux parties, et la violence traumatisante des débats. C'est presque un travail d'orfèvre qui est effectué par la narration, toujours au plus près des personnalités et de leurs ressentis intimes.

 Mais ce qui est peut-être le plus remarquable dans cette courte série, c'est la caractérisation des différents protagonistes. Nous sommes habitués aux rebondissements qui ponctuent les oeuvres de ce genre, aux révélations surprises qui clouent le spectateur sur son siège. Mais a-t-on déjà vu un drame dans lequel tous les personnages principaux, quasiment sans exception, peuvent se voir attribuer le qualificatif «ambigu» ? Et cela sans qu'apparaisse à aucun moment une quelconque artificialité dans la description de ces tempéraments. C'est tout à fait insolite et brillant. Au premier chef, Jonathan et Grace affichent une ambiguïté permanente. Mais c'est également le cas de Fernando Alves, le mari ; des policiers, Joe Mendoza et Paul O'Rourke, dont l'enquête est clairement orientée dans une seule direction ; du père de Grace, le toujours charismatique et imposant Donald Sutherland ; c'est même le cas du jeune Henry, écartelé entre amour et haine envers un père faillible. Cette construction intelligente d'un château composé de cartes toutes subtilement biaisées donne une valeur inestimable à une intrigue qui s'appuie intégralement sur la psychologie des personnages en laissant de côté les effets faciles et les coups de théâtre qui sont trop souvent le point d'orgue des séries à suspense. 

 Une réussite de premier ordre.
   
Bernard Sellier