Les uns et les autres, film de Claude Lelouch, commentaire

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Les uns et les autres,
       1981, 
 
de : Claude  Lelouch, 
 
  avec : Robert Hossein, Nicole Garcia, Francis Huster, Daniel Olbrychski, Géraldine Chaplin, Jorge Donn, Fanny Ardant, Jacques Villeret, James Caan, Evelyne Bouix,
 
Musique : Francis Lai, Michel Legrand

  
 
1936. A Moscou, un jury élit la ballerine qui deviendra la première danseuse du Bolchoï. Tatiana (Rita Poelvoorde) est battue, mais devient l'épouse de Boris Itovitch (Jorge Donn). En Allemagne, le pianiste Karl Kremer (Daniel Olbrychski) est encensé par Hitler. En France, une jeune violoniste, Anne (Nicole Garcia), épouse un Juif, Simon Meyer (Robert Hossein). Aux Etats-Unis, l'épouse du musicien Jack Glenn (James Caan), Sarah (Géraldine Chaplin), accouche d'une petite fille. Bientôt, la guerre éclate... 
 
 Voici sans doute l'un des films de Claude Lelouch pour lequel l'adage "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué" se révèle le plus adapté. Avec quatre grands groupes familiaux (plus les à-côtés), répartis sur plusieurs continents, auxquels s'adjoignent, sur deux décennies, puis quatre décennies, les enfants et petits enfants, incarnés souvent (heureusement pour la compréhension !) par le même acteur, le scénario affiche une richesse narrative qui vire parfois à l'overdose. D'autant plus que, paradoxalement, les drames observés, qui se veulent intimistes, se voient souvent réduits à quelques séquences plus (le fils d'Anne abandonné sur la voie de chemin de fer, Karl Kremer interprétant la première symphonie de Brahms devant une salle vide) ou moins inspirées ou intenses. Le spectateur se perd passablement dans cette foultitude de saynètes éclatées, qui ont une certaine difficulté à composer une fresque réellement synthétique et poignante. L'idée originelle de donner à la musique une fonction fédératrice sur ces destins divers est, en soi, excellente. Mais, si les grands moments pendant lesquels Jorge Donn explose de charisme artistique (le "Boléro" de Ravel à l'ouverture, par exemple), provoquent un envoûtement immédiat, il n'en est pas de même de nombreux passages nettement plus... faibles (la chanson des "Uns et les autres"...). L'oeuvre montre, à l'évidence, qu'il est très difficile d'instaurer un climat émotionnel vivace lorsque la narration multiplie les intervenants, les époques, et les interactions. Claude Lelouch n'a jamais été, à mon sens, plus enjôleur, chaleureux, captivant, que lorsqu'il choisissait la simpicité ("Itinéraire d'un enfant gâté", "Un homme et une femme", "La bonne année"...).
   
Bernard Sellier