La Valse dans l'ombre, film de Mervyn le Roy, commentaire

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La valse dans l'ombre,
       (Waterloo bridge),    1940, 
 
de : Mervyn  Le Roy, 
 
  avec : Robert Taylor, Vivien Leigh, Lucile Watson, Maria Ouspenskaya, C.Aubrey Smith, Virginia Field,
 
Musique : Herbert Stothart

 
   
1939. La Grande Bretagne vient d'entrer en guerre contre l'Allemagne. Le Colonel Roy Cronin (Robert Taylor) doit rejoindre son unité. En traversant le pont de Waterloo, il se remémore avec mélancolie l'a passion qu'il a vécue vingt-cinq ans plus tôt. Au début de la première guerre mondiale, le Capitaine Cronin rencontre, lors d'une alerte, une jeune danseuse, Maria Lester (Vivien Leigh), qui fait partie de la troupe d'Olga Kirowa (Maria Ouspenskaya). Immédiatement c'est le coup de foudre. Au point que le militaire décide d'épouser immédiatement la jolie ballerine. Malheureusement, le départ précipité pour le front empêche la réalisation du mariage... 
 
Deux avant le poignant et romantique "Prisonniers du Passé", Mervyn le Roy donnait naissance, avec cette oeuvre, à une merveille d'émotion et de sensibilité. Les amours tourmentées de Paula et de John Smith étaient ponctuées de rebondissements dramatiques que l'on pouvait qualifier de légèrement "exagérés", même si le charme opérait sans peine. Ici, la sobriété de l'histoire est extrême, et ce dégraissage renforce encore, s'il était possible, le drame intérieur vécu par ces amants d'un jour, condamnés par le destin ou par leur psyché, suivant l'interprétation que chacun donnera des événements. Déjà une danseuse, déjà un militaire. Mais quel couple ! Illuminés par leur amour autant que par la puissance des émotions qui les habitent, Robert Taylor, l'officier intrépide, énergique, dont le coeur fond devant la grâce féminine, et Vivien Leigh, concentré de flamme, de fragilité et de résignation, sont tout simplement transcendants et inoubliables. Après une première partie radieuse, exubérante, qui étincelle de vie, la suite glisse inexorablement, sans pathos, sans effets tire-larmes, vers un abîme dans lequel amour, droiture, remords, impuissance et culpabilité se fondent à jamais. 
 
Une sorte de perfection dans l'épure émotionnelle...
   
Bernard Sellier