La Valse des Pantins, film de Martin Scorcese, commentaire

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La valse des pantins,
       (The King of Comedy),    1982, 
 
de : Martin  Scorcese, 
 
  avec : Robert De Niro, Jerry Lewis, Diahnne Abbott, Sandra Bernhard, Shelley Hack, Ed Herlihy, Lou Brown, Martin Scorcese,
 
Musique : ???

  
   
Jerry Langford (Jerry Lewis) est une vedette incontestée de la télévision, grâce à une émission humoristique hebdomadaire regardée par des millions de téléspectateurs. Rupert Pupkin (Robert de Niro) est fan de Jerry, mais il est aussi persuadé que lui-même possède un don comique exceptionnel. Grâce à Masha (Sandra Bernhard), elle aussi obsédée par Jerry, Rupert parvient un soir à se glisser dans la voiture de son idole et à lui proposer d'écouter les sketches qu'il a composés. Afin de se débarrasser de l'importun, Jerry propose un rendez-vous le lendemain au siège de sa société de production. C'est le début d'un cauchemar pour l'illustre présentateur... 
 
   Il n'est pas particulièrement courant de voir Scorcese s'engager dans une comédie, surtout après avoir tourné "Taxi driver" et "Raging Bull". Pour Robert de Niro, ce devait être, en tout cas, une sacrée récréation, étant donné les transformations physiques qu'il avait dû subir pour incarner Jake la Motta ! Il s'en donne à coeur joie dans cette oeuvre débridée, occupant tout l'espace, brassant des montagnes de vent, et accaparant toute l'attention du spectateur avec une gourmandise évidente. En face de lui, ( est-ce voulu ?, bien certainement ! ), Jerry Lewis, d'ordinaire volcanique, se révèle totalement éteint, voire mutique dans la seconde partie. Cette satire de l'abêtissement des masses, qui transforment en un clin d'oeil un humoriste sympathiquement banal en une vedette idolâtrée, est étrangement d'actualité en ce lendemain du décès de Michael Jackson, qui voit également des myriades de fans décervelés croire à la chute du ciel sur leur tête parce qu'un personnage auréolé par les médias vient de passer dans l'autre monde ! Le personnage de Masha, totalement habitée par sa divinisation de Jerry Langford, est à ce point de vue révélateur de la dépersonnalisation des fans, qui de James Dean à Michael Jackson, en passant par Elvis Presley, se montrent capables des pires dérives lorsque la disparition de leurs idoles met en évidence le vide intérieur qui les habite.  
 
   Une fable aussi excitante et jouissive que troublante.
   
Bernard Sellier