Taxi Driver, film de Martin Scorcese, commentaire

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Taxi driver,
      1976, 
 
de : Martin  Scorcese, 
 
  avec : Robert DeNiro, Harvey Keitel, Jodie Foster, Cybill Shepherd, Peter Boyle, Leonard Harris, Albert Brooks,
 
Musique : Bernard Herrmann

 
   
Travis Bickle (Robert de Niro) est chauffeur de taxi. Insomniaque, il travaille jour et nuit et, contrairement à nombre de ses collègues, accepte n'importe quel client pour n'importe quelle destination. Il aperçoit un jour une jeune femme blonde, Betsy (Cybill Shepherd), qui travaille à la permanence du Sénateur Charles Palantine (Leonard Harris), candidat à la Présidence. Il est fasciné par sa beauté. Elle accepte son invitation d'aller voir un film, mais le choix de son compagnon, un porno, la choque profondément. Elle refuse de le revoir. Travis s'nefonce dans la solitude et le refoulement... 
 
   Un classique parmi les classiques pour plusieurs raisons. C'est l'un des premiers grands succès de Martin Scorcese. C'est, hormis le "Parrain 2" l'un des premiers rôles marquants de Robert De Niro. C'est l'apparition dans une oeuvre majeure de Jodie Foster, 14 ans à l'époque, qui avait déjà un gros passé artistique, mais dans des séries télévisées. Et, surtout, c'est un film qui ne peut laisser indifférent. Fondé sur une thématique proche de celle de "Un justicier dans la ville" (2 ans plus tôt), il prend le contrepied quasi absolu de ce dernier. Là où Michael Winner imposait un personnage qui, au fil des versions deviendra de plus en plus monolithique, Scorcese nous offre le portrait d'un être complexe et complexé.  
 
   Premier grand succès de Scorcese après "Mean Streets" dans lequel Robert DeNiro apparaissait déjà, "Taxi Driver" semble contenir en germe toute la violence qui explosera dans les chefs-d'oeuvre ultérieurs, tels "Les Affranchis", "Casino" ou encore "Gangs of New-York". Loin de ces personnages clinquants, assumant sans états d'âme leurs choix extrêmes, que ce soit dans le crime ou dans les affaires, Travis est un pauvre type, aigri, frustré, gangrené par la solitude, sorte d'anti-symbole du rêve américain ensoleillé. Il vit la nuit, parcourt sans relâche les quartiers sordides, se nourrit de films pornographiques, échoue lamentablement dans ses tentatives de retrouver une vie "normale" (la première sortie qu'il propose à Cybill est la vision d'un film porno !), et finit par ne plus supporter le monde qui l'entoure, parce qu'il ne se supporte plus lui-même. Tout comme "Rambo" se découvrait être une verrue dans le monde d'après la guerre du Vietnam, Travis, lui aussi ancien Marine (mais sa personnalité floue et ses affabulations laissent planer un doute...), en est une également dans l'enfer de la mégalopole. 
 
   Robert DeNiro, presque débutant, mais déjà intense dans cette incarnation d'un looser protéiforme, donne une énergie quasi animale à ses pulsions de nettoyage radical, tandis que surnagent, vaillamment, ses aspirations à sortir de la fange, à s'ériger en Bon Samaritain. Quant à Jodie Foster (14 ans à l'époque !), à peine reconnaissable, mais déjà débordante de charme, elle avait derrière elle une trentaine d'apparitions dans des films ou séries télévisées ! Impressionnant !  
 
   Un poème lancinant, souvent désespéré, dans lequel apparaissent quelques zébrures lumineuses, et orchestré par la main d'un maître. 
 
   Dommage que le doublage français ( vision sur Amazon Prime 2019 ) surprenne par sa neutralité.
   
Bernard Sellier