La vérité, film de Hirokazu Kore-eda, commentaire

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La vérité,
      2019, 
 
de : Hirokazu  Kore-eda, 
 
  avec : Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke, Manon Clavel, Ludivine Sagnier, Clémentine Grenier,
 
Musique : Alexei Aigui

 
   
Lumir (Juliette Binoche), son mari Hank (Ethan Hawke) et leur fille Charlotte (Clémentine Grenier) arrivent des Etats-Unis où ils résident chez Fabienne Dangeville (Catherine Deneuve), mère de la jeune femme et actrice renommée. Celle-ci vient de faire paraître une biographie dont le contenu intrigue Lumir... 
 
   Après avoir connu des relations difficiles avec sa belle-fille par alliance dans "Sage-femme", Catherine Deneuve se retrouve ici confrontée à sa fille, et le spectateur peut supposer que les retrouvailles ne vont pas se dérouler comme un long fleuve tranquille. En fait, il n'en est rien. Tout au moins, disons que dans le film du Japonais primé à Cannes pour "Une affaire de famille", les dissentions et rancoeurs se manifestent de manière très feutrée. Les échanges se font à fleurets mouchetés, et les décibels ne s'envolent jamais. C'est un des points les plus surprenants du film. Sans attendre ou espérer une suite d'échanges volcaniques façon "Qui a peur de Virginia Woolf", il était quand même possible de souhaiter l'incursion de quelques noeuds dramatiques susceptibles de sortir le spectateur de sa torpeur. Ils pointent aux abonnés absents. 
 
   Alors, certes, toute cette analyse des relations mère-fille apparaît comme une dentelle empreinte de justesse et de dignité, infiniment sensible et subtile, tissée de menues incompréhensions, de souvenirs délicatement altérés par le temps ou les micro traumatismes, mais l'ensemble se révèle bien pâle. Et ce ne sont pas les personnages secondaires, eux aussi très édulcorés ou anodins (Hank, le mari de Lumir, est bien falot...), qui relèvent la sauce fort peu pimentée du récit. Même la subtile imbrication du film tourné par Fabienne, sorte de miroir fantastique de ce qu'elle vit dans la réalité, ne réveille pas vraiment l'enthousiasme. Les deux actrices sont impressionnantes de finesse, et le jeu de Charlotte est d'un naturel étonnant. Mais il est difficile de ne pas s'ennuyer poliment devant ce face à face quelque peu anesthésié.
   
Bernard Sellier