Warriors of the rainbow, film de Te-Sheng Wei

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Warriors of the rainbow,
      (Sàidékè balái),      2011, 
 
de : Te-Sheng  Wei, 
 
  avec : Ching-Tai Lin (Nolay Piho), Umin Boya, Masanobu Andô, Sabu Kahawara, Vivian Hsu,
 
Musique :  Ricky Ho


 
Les premières années du vingtième siècle. Les Japonais envahissent l'île de Taïwan. Dans une portion reculée, vivent différents clans qui s'affrontent souvent de façon meurtrière. Mona Rudao (Ching-Tai Lin) est l'un des chasseurs-guerriers les plus redoutables de la tribu Seediq. Les Japonais ont décidé de "civiliser" ces sauvages. Pendant deux décennies, les indigènes subissent le joug des vainqueurs... 
 
 Sans être un cinéphile clairvoyant, il est évident, dès les premières minutes du film, que nous n'assisterons pas à une oeuvre ordinaire. Les premiers plans, magnifiques, qui s'ouvrent sur une chasse passionnée, évoquent le souvenir du "Dernier des Mohicans", et, hormis pour ce qui touche la sublime musique de Randy Edelman, n'ont rien à envier à ceux de Michael Mann. Ensuite, durant plus de 140 minutes, c'est une plongée, hallucinante de réalisme, aussi saisissante qu'éprouvante qui nous est proposée. Alors, certes, la violence est omniprésente, la logique de certaines scènes nous échappe parfois. Mais il est rarissime de rencontrer une puissance dramatique aussi volcanique, qui, plus d'une fois, confine à l'épique, une authenticité dans l'incarnation des personnages qui envoie la notion d'interprétation aux oubliettes, une rage libératrice qui balaie instantanément tout jugement de complaisance. Le final de "Mission" affiche une timidité esthétique et narrative presque dérisoire en comparaison du déchainement guerrier qui explose ici avec un naturel aussi confondant qu'abominable. Même les courtes séquences oniriques, voire poétiques, qui renvoient au pouvoir presque surnaturel des croyances ancestrales, trouvent leur juste place au milieu de ce déluge de feu et de sang. Et que dire de cette scène de suicide collectif, sinon qu'elle bouleverse au plus profond de l'être. 
 
 Une véritable claque esthétique et dramatique qui semble jaillie des tripes d'un réalisateur scénariste totalement enfiévré par son sujet, et qui ne peut laisser personne indifférent.
   
Bernard Sellier